L’expérience missionnaire vécue par une vingtaine de catholiques en début d’année à Verbier a quelque chose de déroutant. De dérangeant. Même le croyant ne sait trop comment se positionner. Interpeller le passant, comme l’ont fait ces jeunes, est-ce une bonne initiative? Si l’on ouvre la Bible, il faut convenir que oui, puisqu’ils suivent les instructions du Christ. Mais cela ne suffit peut-être pas à se laisser convaincre du bienfondé de leur action. Si l’on ajoute que ces jeunes vivaient de la charité de leurs interlocuteurs, l’embarras s’installe.

C’est ainsi, notre foi s’est retranchée dans la sphère privée. Proclamer le Credo le dimanche à l’église, pas de problème. Chanter l’amour de Dieu dans la rue, pas pour nous. On dit déjà plus volontiers le bénédicité chez soi qu’au restaurant. La foi n’étant pas forcément un thème que l’on aborde avec tous ses amis, on peine à s’imaginer témoigner de notre vécu et de nos valeurs auprès d’inconnus arrêtés au bas d’une piste de ski.

Nous ne voulons pas brandir d’étendard ni heurter – au point, souvent, de ne pas rétorquer lorsque d’autres heurtent notre foi. Pour qui passerait-on? Même votre Echo Magazine, pur produit catholique à l’origine, a par le passé été tenté – c’est le mot – de renoncer à sa ligne chrétienne, gênante pour les affaires. Quel reniement c’eût été là! L’Echo est un journal chrétien depuis 95 ans. Il le reste. Bien sûr, il n’est plus le bras armé de l’Eglise, dont il ne reçoit pas un centime, et ne mène pas de croisade. Mais il défend la vie, la création et la paix. Il dévoile les iniquités, se préoccupe des plus faibles, s’intéresse aux familles, promeut le bien commun. Il montre des personnes qui s’engagent, des œuvres qui font du bien. Il dit qu’il y a de la beauté dans le monde, des raisons d’être heureux et des raisons d’espérer. Parce qu’il y a, derrière cette beauté, le Christ qui nous a sauvés et Dieu qui nous aime et donne un sens à la vie. Pourquoi votre journal se gênerait-il alors, pourquoi se gênerait-on, de répandre une telle bonne nouvelle auprès de nos contemporains qui en ont tant besoin?