L’heure n’est pas exactement à la plaisanterie. Les premiers jours du second mandat de Donald Trump n’annoncent pas une présidence riante. Ni pour les Gazaouis qu’il veut exiler ni pour le reste du monde qu’il veut mettre au pas. En Autriche, faute d’alliance entre la droite et la gauche, l’extrême-droite a la charge de former un gouvernement. On risque de ne pas reconnaître notre sympathique voisin.

Partant, on s’inquiète. Partout, on s’indigne. Mais si ce temps doit être maussade, qu’il soit aussi l’occasion de parler de responsabilité. De la responsabilité du passé qui doit amener les esprits raisonnables à faire leur examen de conscience: pourquoi leurs paroles et leurs actes n’ont-ils pas convaincu? L’hypothèse de l’extrême-droite à la Chancellerie à Vienne valait-elle vraiment mieux que quelques concessions supplémentaires de la part des partis autrichiens?

Nous devons encore assumer notre responsabilité dans le présent qui est aussi notre responsabilité envers l’avenir. Le sénateur américain indépendant Bernie Sanders l’a exprimé dans le Guardian: «Nous ne pouvons pas paniquer». Nous sommes tous responsables, comprend-on en lisant Espère, l’autobiographie du Saint-Père qui nous demande de «mettre les mains dans le cambouis» face aux différentes crises que traverse notre temps et à des humains qui se replient sur eux-mêmes.

Ces appels ne sont pas inédits. Relisons le Post-scriptum de ma vie de Victor Hugo, texte de 1860 aux allures de testament: «Où y a-t-il un devoir? où y a-t-il une lutte? où y a-t-il un exil? où y a-t-il une douleur? Courons-y. Aimer, c’est donner; aimons. Soyons de profondes bonnes volontés». Des esprits généreux se rencontrent pour nous donner un même élan. Nous ne sommes pas Victor Hugo? Faisons selon nos forces, rétorque-t-il. Nous ne sommes pas le pape? «Il suffit d’une seule femme, d’un seul homme pour qu’il y ait de l’espoir, et tu peux être cette femme ou cet homme», répond François. Ils ont raison. Déplorons ce qui doit l’être, mais agissons. Ne nous contentons pas de broyer du noir quand nous pouvons apporter un peu de lumière.