Les nouvelles qui nous parviennent jour après jour de cette terre que nous disons encore sainte ont de quoi faire vaciller la flamme toujours plus ténue de notre foi en l’humanité. Par humanité, il faut entendre là l’ensemble de la communauté humaine. Dont l’humanité, au sens essentiel de ce qui fait de nous des hommes, semble profondément remise en question. Parce que des principes universels et absolus sont bafoués, comme le respect de la vie qui induit que la dignité de tout être humain est sacrée et inviolable. Sur cette base incontestable, les choses sont simples. Même au Proche-Orient. Le Hamas, par ses actes, nie-t-il la dignité humaine? Oui. De là, condamnation. L’Etat d’Israël, par ses actes, nie-t-il la dignité humaine? Oui. De là, égale condamnation. Nul besoin de puérilement chercher qui a commencé ou de compter les points dans une surenchère de l’horreur.

La menace pour notre humanité se trouve dans le sang répandu. Et dans les atermoiements de gouvernements inconstants. Les sanctions rapidement imposées à la Russie mises à côté de l’absence de mesures à l’encontre d’Israël posent une question dérangeante: serait-il plus grave de violer l’intégrité d’un territoire que la dignité d’une vie? Ou celle d’un Ukrainien aurait-elle plus de valeur que celle d’un Palestinien? Ces questions sont absurdes; on nous amène pourtant à nous les poser.

Plus de 53’000 morts après le début de l’offensive à Gaza, le Royaume-Uni a suspendu le 20 mai les négociations pour un accord de libre-échange avec Israël. L’Union européenne a annoncé vouloir réexaminer l’accord d’association avec cet Etat. Le Conseil fédéral n’a pas bougé, lui qui en la matière est plutôt suiveur. Mais voilà que trois de ses membres et une ancienne ministre font l’objet d’une plainte pénale pour complicité de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre. Un collectif jurassien leur reproche leur mutisme. La démarche juridique ne paraît pas vouée au succès, mais la question morale est intéressante: notre silence est-il non seulement coupable, mais aussi complice? Lorsque la dignité humaine est en jeu, la réponse semble s’imposer là aussi.