La beauté, miroir des mystères de l’existence, se dévoile chez Il est une foi, le rendez-vous cinéma de l’Eglise catholique à Genève. Du 30 avril au 4 mai, le festival propose un dialogue entre la foi, l’humain et l’art à travers une programmation éclectique et des débats.
Depuis dix ans exactement, le festival Il est une foi explore l’intersection du cinéma, de l’art et de la religion. «La beauté sauvera le monde», affirmait Dostoïevski dans L’Idiot. Une citation choisie pour souligner la profondeur spirituelle d’un thème souvent réduit à sa dimension esthétique. Tissant des liens subtils entre beauté et spiritualité, cette édition invite à célébrer une «promesse aussi radieuse que surprenante».

Au cœur de l’affiche, un artichaut en porcelaine blanche évoque délicatement la quête d’une beauté intérieure dissimulée sous les apparences. La technique japonaise du kintsugi, utilisée pour réparer des fissures grâce à de l’or fin, exprime avec finesse l’idée d’un charme révélé par les cicatrices, les épreuves et les imperfections.
A travers une programmation de vingt films, le festival éclaire différentes voies d’accès à cette beauté profonde dans l’art, la nature, l’amour, le quotidien ou l’innocence de l’enfance. De la spiritualité brillante de Nostalgie de la lumière de Patricio Guzmán à l’émotion intime d’Elle et lui de Leo McCarey en passant par la quête initiatique de Yeelen de Souleymane Cissé et l’émerveillement engagé de La Belle Verte de Coline Serreau, chaque œuvre propose une vision singulière du beau.
Toutes ces œuvres explorent la façon dont l’expérience de la beauté peut élever, transformer et révéler ce qu’il y a de plus profond en chacun. Une invitation à redécouvrir le cinéma comme un miroir subtil et précieux de l’âme humaine. Chaque projection est suivie d’un débat avec des invités issus d’horizons variés.
Quête spirituelle

Andreï Rublev d’Andreï Tarkovsky (3 mai, 18h30) explore la capacité de l’art sacré à révéler une réalité transcendante en mettant en scène le peintre de l’icône de la trinité. Sayat Nova (La Couleur de grenade) de Sergeï Paradjanov (30 avril, 14h45) complète cette approche par la poésie visuelle de ses remarquables tableaux fixes, semblables à des miniatures. La nature et l’innocence occupent une place centrale dans Miel(2 mai, 15h): Semih Kaplanoglu y célèbre la sensibilité pure du regard d’un enfant. The Long Day Closes de Terence Davies (30 avril, 13h) rappelle que cette capacité d’émerveillement reste profondément enfouie en chacun.
Difficile de trouver un film plus évocateur que le chef-d’œuvre Elephant Man de David Lynch (2 mai, 17h) pour sonder la capacité de l’amour à dévoiler la dignité et la beauté intérieure au-delà des apparences. De son côté, Perfect Days de Wim Wenders (1er mai, 13h) capture l’harmonie cachée du quotidien à travers le portrait d’un homme discret, viscéralement attentif aux détails qui l’entourent. Heureux comme Lazzarod’Alice Rohrwacher (2 mai, 19h45) propose une fable moderne dans laquelle l’innocence absolue révèle la beauté enfouie sous les aspects trompeurs du monde.

Toujours dans la thématique de la beauté intérieure, Une vie cachée de Terrence Malick (4 mai, 13h) pose un regard puissant sur le courage spirituel d’un homme ordinaire confronté à l’oppression, soulignant ainsi une dimension éthique du beau. Enfin, Magdala de Damien Manivel (3 mai, 13h) explore le parcours spirituel de Marie-Madeleine, révélant une beauté purificatrice issue de l’épreuve et du silence intérieur.
L’événement de clôture Nostalgia for the Absolute, qui se tiendra le 4 mai à 19h30 au Conservatoire de musique de Genève, est un hommage multimédia conçu par Andreï A. Tarkovski, fils du célèbre réalisateur russe. Il associera musique, lectures et projections d’images d’archives inédites. Le duo musical formé par Nastascia et Raffaella Gazzana, accompagné de l’acteur Samuel Labarthe comme récitant, proposera une immersion profonde dans l’univers poétique d’Andreï Tarkovsky.
Sans prétendre à résoudre le mystère insaisissable du beau, la programmation invite à une réflexion sur son rôle dans nos existences, ses multiples visages et la manière dont il éclaire notre rapport au monde et à autrui. Elle montre comment, à travers différentes époques, le cinéma capture l’éternelle quête humaine d’une harmonie intérieure et extérieure. Une exploration qui encourage les spectateurs non seulement à contempler, mais aussi à interroger intimement le sens de leur propre expérience de vie.

Diversité des genres
Le festival Il est une foi, le rendez-vous cinéma de l’Eglise catholique romaine de Genève, célèbre sa 10e édition autour du thème La Beauté révélée. Il propose une programmation riche et variée, mêlant cinéma classique et contemporain, débats et conférences sur des sujets universels. Les films sont projetés aux Cinémas du Grütli (16, rue du Général Dufour) avec des séances spéciales au Cinéma Bio à Carouge (47, rue Saint-Joseph). Une conférence inaugurale, Beauté vitale. Un si grand désir de consolation, ouvre le festival lundi 28 avril à 18h à la Salle des fêtes du Sacré-Cœur (Rue des Terreaux-du-Temple 6/8).
Entrée libre sur inscription à geoffroy.declaviere@ecr-ge.ch.
Toute la programmation sur le site d’Il est une foi.
Téléphone: 022 319 43 46.