Cette année, une fois de plus, Noël ne sera pas parfait. Parce que tout le monde ne sera pas là. Parce qu’on mangera toujours la même chose ou, au contraire, autre chose. Parce que les enfants seront trop gâtés ou bruyants. Parce que personne ne viendra à la messe ou au culte de minuit, que la chorale ne chantera pas le bon chant et que le sermon du curé ou le prêche du pasteur sera trop long ou pas assez consistant. Parce qu’on sera triste ou fatigué: Noël n’est, après tout, qu’un jour un peu particulier au milieu de jours ordinaires et n’échappe pas aux soucis du moment.
Noël n’est jamais parfait. Hormis dans nos rêves. Parce qu’on imagine l’impossible, sans trop envisager, par ailleurs, que notre Noël parfait puisse ne pas être celui des autres. Quoi qu’il en soit, il est tout de même curieux de réclamer un Noël parfait quand on songe au premier. Marie, enceinte, ballottée au rythme de l’âne d’une auberge à l’autre sans savoir où elle mettrait son fils au monde. Joseph, inquiet pour sa femme et son fils à naître, portant le sentiment d’échec de celui qui devrait faire en sorte que tout se passe bien…
Il est certain que ni l’une ni l’autre ne s’étaient représenté ainsi cette nuit incomparable. Pourtant, ils se sont peut-être dit par la suite que ce Noël avait été parfait: la mangeoire, les bergers, les mages et même, si la chanson dit vrai, l’enfant venu jouer du tambour au milieu de la nuit après des heures éprouvantes. Nostalgie de parent? Plutôt qu’un regard tourné vers le passé, on peut imaginer leur regard tourné vers l’avenir ouvert par l’enfant-Dieu, vers la «joyeuse lumière, splendeur éternelle» qu’il est venu répandre «tous les jours jusqu’à la fin du monde». Alors, pour ne pas voir les petites ou grandes imperfections de nos jours de fête qui n’en sont pas toujours, essayons de le laisser nous éblouir.