Que les hommes gardent le nom de leur père et les femmes celui du leur (ou, dans de rares cas, de leur mère). C’est le principe que le Code civil continuera de proclamer même après la nouvelle révision des dispositions concernant le nom des mariés. Même si l’on s’apprête à démultiplier les possibilités, l’immutabilité devrait – ce n’est de loin pas le cas – être la règle. Autrement dit: chacun son nom, et les enfants seront bien gardés. Enfants auxquels il faudra d’ailleurs bien transmettre un nom, reste à savoir lequel. Potentielle source de tensions au sein du couple, cette question n’aurait en fait pas tant d’importance, selon les psychologues: ce n’est pas le nom choisi qui compte, mais la liberté du choix.

La liberté. Selon l’intelligente intuition du philosophe Johan Rochel, elle est peut-être bien la clef de l’égalité entre les femmes et les hommes (et inversement). Ce qu’il préconise dans un bref essai intitulé Pas ton combat? (Georg éditeur), dont nous ne pouvons que recommander la lecture, pourrait s’appliquer au choix du nom d’un couple. Il s’agit d’abandonner les solutions toutes faites justifiées par l’habitude, la tradition ou les in- jonctions sociales de toutes natures – préférer le nom de l’homme au nom du patriarcat ne serait ainsi pas plus légitime que privilégier celui de la femme ou des noms distincts au motif que les temps ont changé. Cela ouvre la porte à une négociation, dit le Valaisan. Préférons à ce terme celui de dialogue, que le prêtre Christian Salenson définit dans le récent Au cœur des autres. Petite théologie du dialogue (Nouvelle Cité) comme un renoncement: «Chacun renonce à la volonté de domination sur l’autre». Un renoncement libre.

L’égalité n’est pas, dans une relation, l’égale possibilité pour l’un et l’autre de faire ce que bon leur semble. Elle est mieux que cela: elle est l’égale liberté de faire valoir son point de vue, ses besoins, son ressenti. C’est-à-dire la reconnaissance de l’égale dignité de l’un et de l’autre. Cela semble une bonne base pour bâtir un avenir, à deux comme en société.