Le Nobel de la paix est contesté. La paix au Proche-Orient reste un cessez-le-feu, déjà violé. L’appel du pape à secourir les pauvres est critiqué. Les mauvaises nouvelles ne suffisant pas, il faut encore qu’on nous gâche les bonnes. Sans compter que le 1er novembre est proche, que la dépression saisonnière approche, et que le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle (Baudelaire). Nous n’avons pas tous la chance d’habiter en Valais où, l’automne, «c’est quand même plus beau que dans les autres cantons» (une dame âgée dans un bus de Sion à qui la météo donnait raison ce jour-là).

Il faut avoir le cœur bien accroché pour traverser l’automne. Pourtant une belle saison qui sent la confiture et la tarte aux pommes (chantait le facteur Hyacinthe). Et la soupe à la courge. On est prêt à sortir le violon de Tchaïkovski, les interrogations profondes de Dostoïevski et une couverture. On pourrait se sentir bien. Mais non, il survient toujours non pas un, mais une multitude de trublions dans notre quiétude automnale. Sans discontinuer, les «pro» invectivent les «anti» et réciproquement, il pleut plus de bombes que d’eau sur le monde. Et on est malheureux de s’estimer heureux que les journaux nous parlent toujours des deux mêmes conflits, et pas des nombreux autres.

Ce n’est pas la météo qui nous inciterait à rester chez nous. Plutôt une forme de désespoir. «Que peut-on, que faut-il dire aux hommes?», demandait Saint-Exupéry. On a l’impression de ne plus rien pouvoir leur dire. De ne plus rien avoir à leur dire. Tragique: on a perdu foi en l’homme. Or, perdre foi en l’homme, c’est perdre foi en Dieu. Alors on songe à Dieu. A la promesse de la vie éternelle, aux oiseaux du ciel que Jésus nous demande de regarder, à l’amour divin, à celui de quelques humains qui nous entourent. On se souvient qu’il y a des hommes et des femmes de bonne volonté. Et on sourit, prêt à espérer. Et on se met aux fourneaux parce que l’automne est l’occasion de faire sa part pour améliorer le monde, et que cela commence peut-être par une part de tarte aux pommes. L’espérance tient dans une pincée de cannelle.