Une répétition d’un ensemble, qu’il soit instrumental ou choral, peut avoir ses longueurs. Surtout au début de la préparation d’un concert: les moments de tutti sont régulièrement interrompus pour du peaufinage individuel, par registre ou en petit groupe. Ce travail de détail, particulièrement important chez les amateurs, réduit les autres musiciens à des périodes plus ou moins longues et plus ou moins fréquentes de silence. Ceux qui interprètent les voix graves sont plus que d’autres habitués à attendre, l’instrument ou les mains sur les genoux.
Ce genre de silence – qui n’est pas absolu puisque d’autres occupent l’espace sonore – était bien vécu par les participants des assises de la jeunesse à Lausanne le 22 novembre – jour de la fête de sainte Cécile, patronne des musiciens, soit dit en passant. Réfléchissant à ce que l’Eglise pourrait leur proposer, des jeunes catholiques ont échangé entre eux et avec des agents pastoraux et des clercs sous le mode de la «conversation dans l’Esprit». Mis au goût du jour par feu le pape François, ce type de discussion laisse une grande part au silence, chacun s’exprimant lorsqu’il se sent prêt à le faire. Dans un premier tour, on exprime un sentiment personnel; dans un deuxième, on réagit à une parole dite précédemment; lors du troisième, on dialogue. Il est toujours étonnant de voir ce qui peut éclore lors de tels partages: des réflexions très personnelles, des confidences, parfois entre parfaits inconnus.
Ce qui est au centre dans un cas comme dans l’autre, c’est l’écoute. La discussion est belle lorsqu’on a été attentif à la voix de l’autre, comme l’est la musique lorsqu’on a été attentif à la voix de l’autre. Connaître ce que joue l’autre permet de se repérer dans un morceau; entendre son ton permet de corriger le sien. C’est, ainsi, du silence que naît l’harmonie. La chose peut paraître contre-intuitive: il faut savoir se taire pour parler ou jouer juste. L’Avent est une bonne occasion de mettre cette idée en pratique. Essayons de faire silence pour mieux accueillir le petit enfant qui vient. Et essayons de faire silence pour mieux accueillir notre prochain.