«C’est l’heure de l’amour.» Prononcée par le Saint-Père inaugurant son pontificat sur la place Saint-Pierre devant 200’000 personnes le 18 mai, cette phrase prend un autre sens que si elle avait été chantée lors de l’Eurovision le même week-end à Bâle. Ces mots sont certes autant attendus dans la bouche d’un artiste que dans celle d’un pape, mais lorsque c’est le second qui s’exprime, le message est autrement profond: c’est celui du Christ.
Le pape n’a rien dit de nouveau en souhaitant la paix au monde et en réclamant la justice. Cependant, son élection offre à ce message un coup de projecteur bienvenu. Après avoir braqué son regard sur une cheminée, puis un balcon, le monde était prêt à entendre les mots de l’homme qui s’y révèlerait. Avant de les oublier ou de ne plus vraiment y penser, peut-être bien. Toujours est-il que, depuis deux semaines, le message de l’Evangile s’installe par petites touches dans les médias. Insinuant dans les esprits l’idée qu’un autre monde est possible.
Cet espoir naît d’un message vieux de deux millénaires toujours actuel et toujours actualisé dans son expression. En choisissant judicieusement de prendre le nom de Léon, le nouveau pape s’inscrit dans une continuité et dans son temps: à la révolution industrielle qui préoccupait Léon XIII ont succédé la révolution numérique et l’intelligence artificielle qui préoccupent Léon XIV. En 1891 comme en 2025, l’Eglise a le souci des travailleurs et de la dignité de l’homme face aux bouleversements de l’époque.
L’idée qu’un autre monde est possible doit aussi à la nationalité de Robert Francis Prevost. Le pape venu des Etats-Unis démontre qu’une autre voix que celle de Donald Trump peut porter, que la paix et la stabilité d’un message longuement médité ont plus de valeur que la brutalité et l’instabilité. L’élection de Léon XIV apporte ainsi la preuve que cet autre monde, plus juste, plus respectueux, est bel et bien possible. Le pape le répètera. Il faudra l’écouter et agir avec lui. Car «offrir à tous l’amour de Dieu» et dire au monde de regarder le Christ est «une route à parcourir ensemble».