C’était potache, ce n’était pas d’une grande finesse, c’était en 1990. Les Inconnus imaginaient Sylvester Stallone (en fait Didier Bourdon) interpréter son «premier rôle sensible» dans Jésus II. Le retour. Avec sa gourde estampillée «JESUS ARMY», le Christ multipliait les pains, c’est-à-dire les coups, en s’exclamant: «Vous allez finir par vous aimer les uns les autres, b*** de m***?». Le juron (que le statut de magazine familial nous empêche de reproduire dans son intégralité) n’était certes pas nécessaire. Mais, dans leur irrévérence visant le cinéma américain plus que la religion, les humoristes français touchaient sans s’en rendre compte un point essentiel: quand allons-nous nous aimer les uns les autres?

Nous n’avons pas fini de soupirer après la paix et la justice que le Christ doit faire régner dans le monde quand il reviendra établir son royaume. Son retour – sa parousie, pour utiliser un terme technique – se fait désirer. Les premiers chrétiens étaient convaincus que c’était pour bientôt, certains le pensent aujourd’hui, dont une bonne partie des Américains; un théologien dit plus loin que ce retour correspond à notre mort. Comme nous n’attendons pas les bras croisés cette dernière, dont nous ne savons ni le jour ni l’heure, n’attendons pas sans rien faire le règne de la paix!

Nous nous apprêtons à commémorer la mort du Christ et à célébrer sa résurrection, deux événements qui nous assurent de l’amour de Dieu. Deux événements qui sont aussi un appel à veiller, et à veiller activement: il ne tient qu’à nous de nous efforcer d’aimer notre prochain. C’est le meilleur moyen de hâter l’avènement du Royaume. Puisque le Ressuscité nous précède en Galilée, marchons à sa rencontre, soutenus par la joie et l’espérance de Pâques.