La démission du conseiller fédéral Didier Burkhalter en 2017 était inattendue et imprévisible. Celle de Viola Amherd il y a un mois ne l’était pas. Sa succession aurait donc pu être, si ce n’est préparée, au moins esquissée par les spin doctors que le Centre doit bien avoir. Cela lui aurait évité de donner l’image de la fanfare locale ou du club de foot du coin qui peine à convaincre un cotisant de reprendre sa présidence. Les difficultés compréhensibles des sociétés d’amateurs bénévoles ne devraient pas être celles d’un parti réclamant un deuxième siège au Conseil fédéral.
Dans son impréparation, le Centre donne l’impression de ne pas connaître ses propres élus. Ni ceux dont il pensait qu’ils en avaient l’ambition ni ceux dont il pensait qu’ils en avaient les compétences ne se sont présentés. Stupeur au Palais! On pourrait donc ne pas penser au département de la Défense en se rasant le matin?
Laissons le Centre faire son autocritique, le Parlement élire un conseiller fédéral et ce dernier convaincre qu’il est davantage qu’un pis-aller. Réfléchissons plutôt au sens du devoir que cette péripétie de la vie démocratique interroge. Et la patrie, Messieurs Dames, dans tout ça? Ma foi, on ne peut pas attendre de tout un chacun qu’il soit un Winkelried. Dont on est en droit de se demander s’il n’a pas rempli son devoir militaire au détriment de son devoir familial. Plusieurs élus ont d’ailleurs mis en avant leur rôle de père pour justifier leur absence d’ambitions politiques ou le report de celles-ci à un futur plus ou moins proche.
Question de génération, persiflent certains qui ne comprennent pas que des hommes assument la responsabilité découlant du choix d’avoir des enfants. Peut-on les blâmer d’avoir préféré un devoir plutôt qu’un autre (ce pourrait aussi être le devoir professionnel)? Il y a là une tension ou une opposition qui paraît difficile à résoudre autrement que pour soi. Il faut ainsi retenir une chose: poser la question du devoir à un autre nécessite de se la poser à soi-même. Y serions-nous allés, nous? Pas forcément au Conseil fédéral, mais déjà au comité de la fanfare ou du foot?