A la joie du jour de Pâques s’était mêlée la joie de le voir apparaître au balcon de Saint-Pierre. Image du serviteur souffrant, affaibli mais esquissant un sourire, il avait trouvé la force de souhaiter de bonnes Pâques aux fidèles, puis de faire un tour en papamobile ponctué de petits saluts et de gestes tendres envers des enfants. Mais il avait dû laisser au maître des célébrations liturgiques le soin de lire sa bénédiction urbi et orbi qui s’affligeait de la volonté de mort à l’œuvre dans les guerres, de la violence dans les familles et du mépris des plus faibles.
Le dernier message du Saint-Père, la veille de sa mort, répétait ce qu’il nous avait annoncé avant même de se montrer et de s’adresser à nous. Car il nous avait déjà tout dit par la voix du cardinal protodiacre au soir du 13 mars 2013: «Habemus papam (…) qui sibi nomen imposuit Franciscum» – «Nous avons un pape qui s’est donné le nom de François».
Ce prénom programmatique résume aujourd’hui parfaitement les douze ans de son pontificat. François s’était choisi pour patron le saint d’Assise qui avait vécu la pauvreté, visité les lépreux, chanté la nature et désiré reconstruire une Eglise tombant en ruines. Toujours humble, il s’est inquiété du sort des migrants et a rejeté la «culture du déchet» qui ne donne pas à tous les hommes la même dignité. Voyageur par obligation professionnelle, il a privilégié les périphéries et plaidé pour une attitude sobre envers la Création. Dénonçant sans relâche le cléricalisme, il s’est attelé à réformer la Curie et à inviter les catholiques à l’écoute.
Le pape François a rencontré les hommes avec une chaleur, un sourire et une vivacité d’esprit qui ont marqué. Il a ouvert ses bras comme un père, intransigeant sur les valeurs fondamentales, mais appelant à une attitude christique: il n’appartient pas à l’homme de juger ses semblables. On peut ainsi même bénir, a-t-il osé, celui qui ne coche pas toutes les cases du bon catholique.François avait senti un besoin de miséricorde et un besoin d’espérance auxquelles il a consacré deux jubilés. François a été un pape de son temps. Et, indéniablement, le pape dont notre temps avait besoin.

