Angelo Giorgetti (1899-1960) est le sujet d’une monographie à la Pinacoteca cantonale de Rancate, près de Mendrisio. Cet artiste est passé du Paris de l’entre-deux-guerres à son Tessin familial sans varier d’un iota son style. Cela reste plaisant.
Typique: Angelo Giorgetti est un de ces artistes que les ouvrages d’histoire de l’art ne retiennent pas. Son nom se trouve certes dans un livre sur les artistes tessinois. Aux pages micro-locales. Mais son audience ne dépasse pas les frontières du canton comme Serodine, Borromini ou Vincenzo Vela. L’homme a pourtant vécu les «années folles» là où il fallait être, à Paris, avant de se stabiliser à Lugano, évitant les orages de la Deuxième Guerre mondiale.

Sa biographie, celle d’un homme ayant joyeusement mordu dans la vie à pleines dents, n’est pas en cause. Technicien honorable, Angelo Giorgetti est un bon artisan de la peinture comme il y en eut tant. Il a produit sans révolutionner les beaux-arts, faisant son travail, ce qui est déjà beaucoup. Ne pas voir la moindre suffisance là-dedans. Après tout, chaque talent a ses limites. Et puis être accroché dans un intérieur bourgeois a aussi son charme.
Milan, Paris, Lugano
Né à Milan de parents tessinois, Angelo Giorgetti grandit dans la capitale lombarde où il étudie auprès d’Adolfo Wildt, un sculpteur important, et Aldo Carpi, qui compte dans la peinture moderne italienne. En 1924, il s’installe dans la Ville lumière, rejoignant la cohorte des étrangers d’une Ecole de Paris où l’on touille de tout: de l’impressionnisme en bout de course, du postimpressionnisme sous toutes ses coutures, bref, une modernité où chacun trouve son compte. Et son style.
La manière figurative du Giorgetti de la décennie 1930 est identique à ses années 1950. Le temps ne semble pas avoir prise sur ses portraits, ses natures mortes, ses scènes de genre. Sa polyvalence est à relever: art sacré, fresque et mosaïque, sa sculpture se défendant tout à fait. Son œuvre, qui échappe totalement aux abstractions de l’après-guerre, est d’une modernité sans risque. Avec de très jolis éclats comme cette délicieuse nature morte avec cafetière, tasses et fleurs des années trente.
Angelo Giorgetti (1899-1960). Dalla Parigi degli ‘Anni folli’ al Ticino del Dopoguerra.
Pinacoteca cantonale Giovanni Züst, Rancate (Mendrisio).
Mardi-vendredi.: 9h-12h/14h-17h;
Samedi-dimanche.: 10h-12h/14h-18h.
Jusqu’au 7 septembre.
LA COLLECTION S’ENRICHIT
En parallèle à Giorgetti, la visite à Rancate permet de se tenir au courant des acquisitions de la Pinacoteca Giovanni Züst alors que le musée parle de s’agrandir avec une extension. Son 19e siècle s’enrichit d’artistes locaux comme Giacomo Martinetti, élève préféré d’Antonio Ciseri (son Ecce Homo est une icône de l’Ottocento), et Alessandro Ruga, formé par le grand Vincenzo Vela. Rancate a acquis d’autres œuvres d’Adolfo Feragutti Visconti, un Tessinois fameux chez lui, et de Giovanni Sottocornola, un excellent ami divisionniste de Segantini. Pour le 20e siècle, en plus de Jean Corty ou de Mario Bernasconi, on retrouve avec plaisir Irma Giudici Russo, Anita Nespoli et Rosetta Leins, des artistes femmes découvertes lors de l’expo Sylva Galli.