On compte près de 300 femmes prêtres à travers le monde. Pourtant, le Vatican s’oppose toujours à ces ordinations. Qu’est-ce qui bloque? Où se situe le problème? La réalisatrice Marie Mandy mène l’enquête et suit trois théologiennes dont la journaliste et écrivaine zurichoise Jacqueline Straub.


En 2006, la réalisatrice belge Marie Mandy découvre l’existence de femmes prêtres ordonnées clandestinement (en 2002) par des évêques catholiques romains sur un bateau voguant sur le Danube en présence d’un huissier. Ce sont les «sept du Danube» qui se sont senties appelées par Dieu et qui ont accepté de s’exposer au risque d’une excommunication pour assumer l’appel ressenti et faire bouger les lignes. Elle entre alors en contact avec la théologienne et journaliste zurichoise Jacqueline Straub, la Franco-espagnole Christina Moreira et l’Afro-américaine Myra Brown. Résultat: une longue investigation sur le sacerdoce féminin. 

Femmes prêtres, vocations interdites est le fruit d’une enquête passionnante qui donne la parole aussi bien à des femmes appelées et engagées qu’à des hauts responsables du Vatican dont des évêques et des cardinaux rencontrés et interviewés notamment par Jacqueline Straub. «L’Eglise ne reconnaît pas ma vocation, car l’Eglise ne prend pas en compte la vocation des femmes», explique la jeune femme. Au fil des images d’archives, Benoît XVI précise que l’Eglise n’a reçu aucune autorisation du Seigneur pour entendre l’appel des femmes et le pape François rappelle que saint Jean Paul II a déjà répondu aux femmes en son temps par une déclaration irrévocable et que c’est donc la ligne à suivre. Fin de la discussion. 

Lueur d’espoir?

Pourtant, au fil du temps, les lignes bougent, même au Vatican. En janvier, le pape François a nommé sœur Simona Brambilla première préfète du dicastère pour les Instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique dont elle était la secrétaire depuis octobre 2023. Toutefois, si l’on offre des postes à responsabilité importants aux femmes, il s’agit toujours de travail administratif et non de ministères consacrés. Sans oublier que la perception de l’Eglise n’est pas la même en Europe et ailleurs dans le monde… Les mentalités devront encore beaucoup évoluer avant de voir un vrai changement.