Ainsi, près de 160 Etats reconnaissent celui de Palestine. Ce qu’on doit regarder avec envie au Kosovo où l’on attend toujours le réveil de certains Européens. Mais Pedro Sánchez n’est pas fou: soutenir la Palestine est une chose, encourager un séparatisme alors que la Catalogne n’est jamais apaisée en est une autre. Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est un droit à géométrie variable.
La Palestine n’est donc pas le moins reconnu des Etats du monde. Ce qui fait une belle jambe aux Gazaouis et ne sort pas le Conseil fédéral de sa somnolence – on ne pourra au moins pas lui reprocher de faire les gros yeux à Benyamin Netanyahou tout en lui tapant amicalement sur l’épaule. Mais, pour l’exercice, posons-nous cette question: est-il bien nécessaire qu’il existe sur les atlas géopolitiques, à l’ONU et pourquoi pas à l’Eurovision un Etat nommé Palestine? De même, cela change-t-il quelque chose que Lougansk soit russe plutôt qu’ukrainien? Cette question paraît scandaleuse (ne résiliez pas tout de suite votre abonnement), mais elle ferait hausser bien peu de sourcils si l’on s’interrogeait sur l’absolue nécessité d’accorder son indépendance à la Corse ou à la Catalogne.
Intrinsèquement, ces histoires importent assez peu tant que la dignité et les droits fondamentaux et démocratiques des habitants sont respectés. Là se trouve la différence entre les Corses et les Palestiniens qui, en Israël, ne seraient jamais traités autrement que comme des citoyens de seconde zone. La façon dont Moscou se comporte avec les populations des territoires annexés n’est pas moins infâmante. Les actes de Benyamin Netanyahou et de Vladimir Poutine se doublent en outre d’une violence organisée et d’un mépris de la dignité humaine et des règles internationales qui font que, dans de telles situations, ces questions de frontières deviennent essentielles.
La reconnaissance d’un Etat n’est en fin de compte pas tant une question juridique ou politique qu’éthique. Il serait donc bon que le Conseil fédéral se réveille. Et que les pays qui ont reconnu la Palestine agissent en conséquence.