François n’a pas franchi le pas du diaconat féminin, auquel il s’est fermement opposé lors d’une interview télévisée en mai 2024 – un groupe de travail ad hoc travaille néanmoins sur cette question. Mais Simone Curau-Aepli, présidente de la Ligue suisse des femmes catholiques, salue le pontificat de l’Argentin.

Regretterez-vous le pape François?

Simone Curau-Aepli: Oui. C’est dommage que son temps soit révolu, même s’il était clair que son pontificat ne durerait pas trente ans. Nous lui sommes redevables de beaucoup de choses: il a introduit et vécu une nouvelle culture dans la communication et les relations. Cela a commencé avec son «Buona sera» le soir de son élection. Cela m’avait émue. Je me suis dit que quelque chose allait se passer avec ce pape.

Certains attendaient une ouverture sur le diaconat féminin qui n’est pas venue. François en a-t-il assez fait?

Dans certains domaines, j’aurais aimé des décisions. En même temps, je trouve juste et positif qu’il n’ait pas imposé les choses d’en haut dans une culture monarchique. Il aurait eu le pouvoir de décider, mais il y a renoncé au terme du synode: il n’a pas écrit d’exhortation apostolique disant ce qui doit être fait, mais décidé que les décisions de l’assemblée s’appliqueraient. Un changement de culture demande du temps, nous sommes au milieu du chemin et le pape a bien fait son travail.

Ne pas avoir décidé, cela montre-t-il sa capacité d’écoute ou un manque de courage?

Il y a des arguments en faveur des deux interprétations. Oui, il n’a pas été courageux, mais il n’a pas voulu décider d’en haut parce qu’il y a des visions différentes à travers le monde et que la question n’a pas la même importance partout. Pour les femmes, oui, mais pas pour les décideurs. Mais dans d’autres cas il s’est exprimé très clairement, par exemple sur la protection de la Création avec Laudato si’. C’était très impressionnant, et merveilleux: nous pouvons désormais citer le pape dans ce domaine et son message a été entendu bien au-delà de l’Eglise catholique.

François a nommé une femme à la tête de la cité du Vatican et une autre à la tête d’un dicastère. C’est déjà ça?

Oui, ce sont des petits pas qui concernent l’Eglise universelle, même s’il n’a pas introduit le diaconat féminin. Pour lui, la question est de savoir ce qui doit être décidé de façon régionale ou universelle. Il n’y a pas répondu, ce que je regrette: on a créé des commissions et des commissions et les résultats dorment dans des tiroirs. Le Vatican n’est pas prêt. Je crois que, pour François, le temps n’était pas encore venu pour certaines décisions, aussi par crainte de dommages collatéraux: on a beaucoup parlé de schisme, ce qui n’est pour moi pas une menace réelle.

A-t-il initié un mouvement ou sera-t-il un accident de l’histoire?

Il sera à mon avis difficile de revenir en arrière. Mais il est vrai qu’il y a au Vatican des forces parmi les gens qui éliront son successeur qui ont des intérêts à défendre. Jean XXIII avait aussi lancé un grand changement, et malheureusement les papes suivants ont interrompu ce mouvement. François lui ressemble en ce sens, avec un esprit respectueux de l’environnement et des hommes qui est profondément chrétien et qui peut faire du bien à tous. Nous en avons fondamentalement besoin, peut-être plus que jamais.