Actuellement en bonne santé, Louis Lévy étudie à Paris où il est inscrit en classe de prépa littéraire au prestigieux Lycée Henri IV. Au programme: les langues anciennes et la littérature dont le jeune homme est passionné. Une fois les cours terminés, il prendra le TGV pour Genève afin de passer le réveillon de Noël en famille chez lui en France voisine. En rémission, le jeune homme de 18 ans investit toute son énergie dans ses études, sans oublier de se ménager des temps de loisir qu’il consacre à la boxe et à la musculation. Il fait juste un peu plus attention à sa santé que ses camarades car, il y a quelques années, il est passé tout près du drame. Une histoire qu’on rencontre brièvement dans le livre de la journaliste Francesca Sacco, que les lecteurs de l’Echo Magazine connaissent bien, Esprit de Noël es-tu là? qui vient de paraître (EM 48): l’auteure nous raconte qu’on lui a découvert un cancer la veille de Noël.

Appel du soir
«Dans ma famille, nous avons toujours accordé beaucoup d’importance à la soirée du 24 décembre où, après la messe, on se retrouve pour un apéritif et un temps d’échange de cadeaux avant de partager un repas de fête. Mais en 2020, tout ne s’est pas déroulé comme prévu», se rappelle le jeune homme. Le matin même, il s’était rendu chez son dermatologue pour une prise de sang en vue de débuter un traitement contre l’acné avant de passer le reste de la journée à Genève en famille. Le soir venu, confortablement installé au coin du feu, il ouvre l’un des livres qu’il vient de recevoir alors que sa maman finit de préparer le repas du réveillon. Le téléphone sonne et toute la famille s’étonne de cet appel tardif, prête à râler contre ces irrespectueux qui dérangent les bonnes gens un 24 décembre. Stupeur, ce n’est pas un commercial qui appelle, mais un médecin des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Louis entend sa maman prononcer le mot maladie. Aussitôt, c’est le branle-bas de combat. Louis est emmené par ses parents aux urgences pour subir toute une batterie de tests alors que son frère et sa sœur sont envoyés dans la famille. Il y a urgence. Un oncologue explique à l’adolescent qu’il le suspecte de souffrir d’une grave forme de leucémie, un cancer qui prend naissance dans les cellules souches du sang. Sous le choc, l’adolescent finit par s’endormir aux premières heures du matin de Noël. Le médecin se dit confiant.
Noël à l’hôpital
Louis passe donc Noël à l’hôpital. Il se souvient aujourd’hui qu’il y régnait une ambiance étrange, même si le personnel faisait tout son possible pour offrir un parfum de fête aux patients, en leur servant par exemple un repas spécial et en leur distribuant de petits présents. Il ne savait pas encore qu’il allait passer les prochains mois dans ce service d’oncologie pédiatrique. Mais, heureusement, il réagit bien au traitement et, après six longs mois, il récupère et entre en rémission. «Je serai officiellement considéré comme guéri dans une année», se réjouit-il aujourd’hui. Depuis ce 24 décembre 2020, Louis a appris à vivre avec sa maladie et ses conséquences. Aujourd’hui, il n’en parle presque plus; ce sont surtout ses proches qui s’inquiètent pour lui. Lui ne craint pas les refroidissements, mais surveille attentivement son corps à la recherche du moindre bleu… Il a repris le sport et reconnaît qu’il vit bien plus sainement aujourd’hui. Mais, chaque année, l’approche du 24 décembre lui rappelle son histoire. Et chaque année, il y consacre un moment de recueillement. «A l’heure où le téléphone a sonné ce fameux 24 décembre-là, je me replonge dans mon passé et je revis la scène. Je ne peux pas m’empêcher de penser à tous ceux qui sont à l’hôpital, en particulier aux enfants qui doivent passer Noël loin de leurs proches, explique Louis. C’est dur pour eux, mais aussi pour les parents et les frères et sœurs qui subissent cette situation.» En un coup de fil, Noël a pris une autre dimension pour le jeune homme qui porte désormais un regard différent sur la vie.
Voyage en Laponie
«Depuis ma maladie, je suis plus attentif aux autres, aux malades et aux plus faibles. J’ai eu la chance de bénéficier des attentions de l’association Courir… Ensemble, fondée par Carole Lauk, qui vient en aide aux enfants qui luttent contre le cancer en tentant d’améliorer le quotidien et le cadre de vie des petits patients de l’unité d’hématologie oncologique de l’Hôpital des enfants de Genève», raconte Louis. Ainsi, il y a deux ans, il s’est rendu avec un groupe de jeunes au marathon de New-York: il y a participé à la course caritative des 5 kilomètres organisée le samedi avant le dimanche de l’épreuve.Et cette année, juste après le réveillon de Noël, il partira en Laponie avec la dizaine d’adolescents avec qui il a fraternisé pendant sa maladie. «Mes études m’occupent beaucoup, mais je n’oublie pas ceux qui m’ont aidé et je souhaite vraiment pouvoir redonner un peu de ce qu’on m’a donné. Ainsi j’espère pouvoir aussi m’engager dans la vie associative quand j’aurai terminé mes études», affirme l’étudiant. En septembre, il est revenu à Genève pour témoigner sur scène lors de la soirée de gala de la fondation de recherche contre le cancer de l’enfant Cansearch à l’Arena. «C’est en grande partie grâce à eux que je suis encore en vie aujourd’hui. Il faut dire et redire au monde entier combien il est important de donner son sang et sa moëlle pour sauver des vies», insiste le jeune homme. En bonne forme, mais marqué à vie par sa douloureuse expérience, Louis reconnaît qu’il navigue encore un peu à vue. Reconnaissant envers ses proches et les soignants qui l’ont accompagné, il s’apprête à fêter un Noël de plus à la maison entouré des siens, mais en n’oubliant pas ceux qui passeront le réveillon entre les murs des HUG.