François a donné aux fidèles et aux hommes de bonne volonté sept exhortations apostoliques et quatre encycliques. Parmi elles, Laudato si’ a connu un large retentissement y compris hors de l’Eglise. D’autres textes ont marqué, notamment le premier, Evangelii gaudium.

Bien sûr, il y a Laudato si’ (Loué sois-tu). L’encyclique sur la Terre qui «crie en raison des dégâts que nous lui causons par l’utilisation irresponsable et par l’abus des biens que Dieu a déposés en elle» a marqué au-delà du monde catholique. Le texte, explique François-Xavier Amherdt, est étayé par l’avis de scientifiques et publié le 24 mai 2015, à quelques mois de la conférence des Nations Unies sur les changements climatiques qui débouchera sur l’Accord de Paris. Et il montre une certaine vigueur: «Les papes précédents avaient déjà parlé d’écologie, mais pas avec autant d’ampleur. Et François intègre le respect de la création dans une perspective d’écologie intégrale et d’hygiène de vie spirituelle», poursuit le professeur émérite de théologie pastorale et chroniqueur de l’Echo.
Cette encyclique, dont le message est répété en 2023 dans l’exhortation apostolique Laudate Deum, est «un point d’application d’une pensée profonde et ecclésiologique», ajoute Dom Marc de Pothuau, abbé d’Hauterive (FR) qui souligne la continuité de la pensée du Saint-Père. Laudato si’ applique les principes présentés dans Evangelii gaudium (La joie de l’Evangile): le travail à long terme, car «le temps est supérieur à l’espace»; la culture du dialogue, car «l’unité prévaut sur le conflit»; la confrontation avec le réel, car «la réalité est plus importante que l’idée»; le bien commun, car «le tout est supérieur à la partie».
«Document programmatique» publié en novembre 2013 – soit neuf mois après son élection – Evangelii gaudium est «le plus grand texte» de François aux yeux François-Xavier Amherdt. Celui-ci en retient entre autres l’appel à «sortir de son propre confort et avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Evangile».
Une théologie pastorale
Sans doute se rappellera-t-on aussi l’encyclique Fratelli tutti (Tous frères, 2020) sur la fraternité sociale dont la pertinence était soulignée par des «actes prophétiques, par exemple tous les gestes de solidarité envers les pauvres et les migrants», relève le professeur émérite.
Talitha Cooreman-Guittin, qui lui a succédé à l’Université de Fribourg, pointe d’autres textes encore, comme Amoris laetitia (La joie de l’amour, 2019) sur l’amour dans la famille, qui «montrait déjà son souci des couples irréguliers», et une modification du Catéchisme de l’Eglise catholique: grâce à François, la peine de mort, jusqu’alors jugée parfois acceptable, est désormais «inadmissible» dans tous les cas.
François a toujours été présenté comme un pasteur par opposition à son prédécesseur Benoît XVI, grand théologien. Ses écrits, note toutefois François Xavier Amherdt, relèvent «de la théologie morale, pastorale et spirituelle au noble sens du terme, qui sont des domaines de la théologie catholique à part entière, au même titre que la dogmatique approfondissant le mystère de la foi en tant que tel».