Ce lecteur revient sur la crise qui secoue l’Eglise catholique de Suisse depuis la parution du Rapport concernant le projet pilote sur l’histoire des abus sexuels dans le contexte de l’Eglise catholique romaine en Suisse depuis le milieu du 20e siècle.
Une tourmente médiatique vient de secouer l’Eglise catholique de Suisse à propos d’abus sexuels en son sein. Commandé par les évêques eux-mêmes, un rapport a fait l’effet d’une bombe. Il ne nous apprenait pourtant rien de nouveau sinon des chiffres auxquels nous nous attendions. Comment expliquer si bruyante explosion pour si peu d’explosif? C’est «terrible, effroyable, glaçant»! La surenchère des qualificatifs n’a eu de limite que l’imagination des journalistes. Et pourtant, ces derniers savaient déjà pratiquement tout. D’autres enquêtes, en France notamment, avaient ouvert les yeux de qui voulait voir et savoir. L’Eglise catholique est la seule institution au monde qui, depuis des années, prend l’initiative d’enquêtes dont elle sait d’avance qu’elles ne seront pas à son honneur. Aucune autre institution, aucun autre groupe humain ne fait cela, même sous la pression de victimes. Ce choix de la transparence et de l’autocritique de la part de l’Eglise catholique aurait eu de quoi soulever l’enthousiasme. D’autant plus que l’enquête (financée par cette Eglise) se poursuivra durant trois années encore. L’Eglise catholique pourrait donc servir de miroir à la société en général plutôt que d’être traitée comme un bouc émissaire qu’on accuse d’autant plus qu’on répugne à s’examiner soi-même ou son groupe social. La triste banalité du mal existe partout, dans l’Eglise, dans la société, dans l’humanité. Un effort incessant de tous est indispensable pour combattre ce mal. Par la vérité et par l’amour. Avec la grâce de Dieu. Qui purifie son Eglise. S’il est une chose qu’on peut espérer maintenant, c’est un engagement conjugué de la société et de l’Eglise pour élucider les causes du mal dans le domaine de la sexualité. Comment comprendre la sauvagerie de cette pulsion, notamment chez les mâles? Quelle culture et quel sens donner à la sexualité humaine? Quelle morale commune de cette pulsion pouvons-nous tenter d’élaborer? Et de mettre en œuvre autant que possible? Enfin, last but not least, quel niveau de vérité et de qualité sommes-nous en droit d’attendre des médias dans la présentation et l’analyse des faits touchant le sexe et ses errances?