L’article intitulé «Un savoir sans foi ni morale», paru dans l’Echo Magazine n°17 du 25 avril, n’a pas convaincu cet abonné.
J’avoue avoir eu quelque peine à comprendre cette interview de Stève Bobillier par Grégory Roth. D’abord, la question «L’IA peut-elle devenir disciple de Jésus?» me paraît absurde. Car être disciple de Jésus implique une notion de foi. D’après l’apôtre Paul, c’est «espérer en des choses qui ne sont pas vues, mais qui sont vraies», sauf que leur véracité n’est pas démontrable du fait que ladite «véracité» définit une intime conviction. Or, à ce jour l’intelligence artificielle se base sur des données tangibles, des faits démontrés et par conséquent n’est pas en mesure d’établir des conclusions à partir d’éléments intangibles, respectivement inexistants. Or, toute religion ressort du domaine de l’«intime conviction». C’est ce qui explique par ailleurs les guerres de religion: ce sont des guerres «irrationnelles», car aucun des belligérants n’est en mesure de justifier sa guerre, la justification étant simplement une conviction. «Garder l’IA à une distance raisonnable», est-ce un constat ou une question? De fait l’IA permet de connaître des faits, de connaître des éléments qui peuvent être reliés entre eux, et par conséquent c’est à l’observateur de comprendre ce que cette relation peut impliquer. Mais si l’IA permet de mettre en évidence ces relations, cela n’implique en aucune façon qu’elle soit en mesure d’en tirer des conclusions pertinentes ou utiles, car ce n’est pas une partie d’échecs, mais une évaluation immatérielle non mathématique qui demande des algorithmes extrêmement complexes et encore incertains. Et enfin, que veut dire «éthique», la morale dépendant des ethnies et souvent de notions religieuses parfois discutables en elle-mêmes (pensons au patriarche Cyrille qui bénit, voire recommande la destruction de l’adversaire, une notion qui fut déjà défendue lors des croisades)? En résumé, je suis déçu tant des questions que des réponses qui confondent données à disposition, interactions potentielles, analyses relationnelles, conclusions virtuelles, réalistes ou non, que pourrait faire une analyse mathématique même programmée avec le plus grand soin. Le savoir n’a par définition ni morale, ni éthique: c’est l’usage que l’on fait du savoir qui définit l’éthique.