La lecture de l’article intitulé «La fragilité de la transparence» évoquant l’exposition permanente des jeunes aux réseaux sociaux (Echo Magazine n°24) a inspiré ce lecteur qui s’inquiète de l’omniprésence des technologies numériques.
Plus nous avançons dans le développement des technologies numériques plus nous perdons prise avec le réel. Que ce soit pour penser, s’informer, s’activer, s’organiser ou agir, des substituts de confort nous évitent la pensée critique et l’analyse disruptive. Nous sommes sous assistance technologique en permanence pour aller plus vite d’un point A à un point B, résoudre une équation sans trop se triturer les méninges, rédiger une lettre ou une dissertation, ingurgiter des nouvelles uniformes qui tournent en boucle dans un temps fade dénué de toute aspérité, de tout effort physique et mental, de tout sacrifice, de toute dépense d’énergie superflue. Tout est compté dans le temps d’une journée de travail ou de congé. Tous les désirs de consommation sont assouvis par un accès rapide à toute marchandise. Tous les phantasmes sont comblés par des images sexuelles, dramatiques, sportives, criminelles, violentes, romantiques qui coulent à flots sur tous les supports médiatiques. L’horizon est bouché par les écrans multiformes qui se sont substitués aux relations directes de la place publique.
Enfermés dans un monde numérique de plus en plus hermétique et totalitaire, nous sommes de plus en plus formatés par les discours dominants. Les esprits sont muselés par les effets secondaires de la consommation instantanée. Le reste est à l’avenant avec les réseaux asociaux qui développent essentiellement le culte de la personnalité dans le mirage du selfie permanent en attendant le graal de son avatar idéalisé dans la sphère Meta. Tout est marchandise. Tout devient prévisible avec l’affinement des algorithmes qui lisent instantanément nos désirs et définissent le cadre de nos actes et de nos pensées. Et malheur à celui qui veut échapper à cette norme dominante, car il sera irrémédiablement voué à la vindicte populaire amplifiée par la désormais toute puissante et omniprésente caste numérique. Il faudra bien un jour trouver la force d’arrêter d’accepter que les réseaux asociaux dirigent nos vies, car c’est de la survie humaine qu’il s’agit.