Ce lecteur revient sur la guerre au Moyen-Orient et ses conséquences sur les enfants.

Tout récemment, j’ai écouté Boris Cyrulnik à la TSR. Interviewé par Philippe Revaz, le grand neuropsychiatre français a tenu de terribles propos au sujet des enfants de Palestine et d’Israël. Beaucoup ne se remettront pas des horreurs qu’ils ont vues, a-t-il dit, ni de celles qu’ils ont subies et qu’ils voient jour après jour. Pour lui, il y aura énormément de séquelles qui vont se transmettre sur plusieurs générations. Et d’ajouter qu’il y a certes des gens généreux et courageux des deux côtés, des hommes et des femmes qui aimeraient que les choses changent et qu’une coexistence pacifique puisse s’installer, mais ce ne sont pas eux qui ont la parole. Ils ne font que subir. Les propos de Boris Cyrulnik sont extraordinaires; ils font aussi craindre le pire. Ne sont-ils pas également révélateurs puisqu’ils émanent d’une personne qui a aussi traversé des heures affreuses quand, pendant la dernière guerre, ses parents ont été arrêtés, déportés par les nazis et sont morts dans un camp? Lui-même a pu échapper à l’arrestation en janvier 1944. Mieux que personne, il sait sans doute ce qu’un enfant peut ressentir face aux horreurs de la guerre. Tout en comprenant le ressentiment que de tels actes peuvent provoquer chez un enfant qui les subit, il a terminé son interview en disant que «la haine a cependant un effet bénéfique: elle augmente la solidarité des persécutés». C’est très bien. A condition que cette solidarité ne débouche pas sur de nouvelles horreurs!