1930

Fondation et premières années

 

L’Echo Magazine paraît pour la première fois sous le nom de L’Echo Illustré le 18 janvier 1930, à Genève. Ce nouveau titre est lancé à l’initiative de Mgr Marius Besson, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, soucieux de doter la Suisse romande d’un hebdomadaire catholique familial, à même de concurrencer la presse populaire jugée trop profane ou superficielle. Dès sa naissance, L’Echo Illustré se positionne comme un journal de référence, à la fois enraciné dans la foi et attentif à la société contemporaine.

Le premier rédacteur en chef est l’abbé Henri Carlier, épaulé par un comité rédactionnel de haut niveau. Y figurent notamment Georges Goyau, membre de l’Académie française, Gonzague de Reynold, intellectuel catholique influent, ainsi qu’une dizaine de personnalités issues des divers cantons romands. Ce pluralisme régional confère au journal une forte légitimité dans tout l’espace francophone suisse. Le siège du journal est fixé à Genève, où il restera de manière permanente. Quant au diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, il s’implique directement dans la gouvernance du titre, en siégeant au conseil d’administration jusqu’en 1985.

Dès ses débuts, le journal se distingue aussi par une formule commerciale originale, associant l’abonnement à une assurance accident. Ce modèle, inédit dans la presse romande de l’époque, est présenté dès le numéro 2 avec force détails : par exemple, une indemnité de 240 francs suisses est prévue en cas de perte du « gros orteil ou de deux autres doigts ». Cette stratégie novatrice contribue à séduire un lectorat populaire, tout en inscrivant le journal dans une logique de service à ses abonnés, fidèle à son esprit familial et solidaire.

1939

Durant la guerre

 

Lorsque éclate la Seconde Guerre mondiale, L’Echo Illustré s’efforce de maintenir une ligne éditoriale équilibrée, à la fois fidèle à ses convictions et consciente des sensibilités politiques du moment. Résolument anticommuniste, comme de nombreux titres catholiques de l’époque, le journal adopte cependant une attitude plus ambivalente à l’égard du fascisme et du nazisme durant les premières années du conflit. Ce positionnement prudent, qui reflète aussi les tensions internes à la société suisse, commence à évoluer à partir de 1937, dans un contexte international de plus en plus polarisé.

Un exemple marquant de cette tonalité nuancée apparaît dans l’édition du 15 juin 1940, alors que la France vient de capituler. L’Echo y publie deux pleines pages d’illustrations sous le titre sobre mais révélateur : « La Suisse veille et travaille ». Si ce choix éditorial reflète la volonté de neutralité helvétique, un autre élément du même numéro témoigne d’un pressentiment étonnant : sous une photo du général Charles de Gaulle, tout juste arrivé à Londres, la légende affirme qu’il est « l’un des chefs militaires les plus remarquables de la France actuelle ». Trois jours plus tard, le 18 juin, celui-ci prononcera son célèbre appel à la Résistance depuis la BBC — confirmant rétrospectivement l’intuition du journal.

Durant cette période tendue, la rédaction est dirigée par René Leyvraz (1940–1945), qui succède à John Chavanne, deuxième rédacteur en chef du titre. Ce dernier, connu pour son tempérament énergique et exigeant, incarne une époque de travail intense au sein d’une équipe réduite mais engagée. Ensemble, ils s’efforcent de maintenir la ligne du journal, entre fidélité à ses principes et adaptation prudente à la réalité géopolitique du moment.

1945

Expansion, créativité, Tintin

 

Dans les décennies d’après-guerre, L’Echo Illustré connaît un fort essor et s’impose comme un acteur majeur de la presse familiale en Suisse romande. Son succès repose sur une formule mêlant actualité illustrée, récits populaires, foi chrétienne et graphisme innovant. La mise en page, saluée pour sa créativité, est largement portée par Andrée Taberlet, figure centrale de la direction artistique du journal durant plusieurs décennies.

Un élément-clé de cette période est l’intégration des aventures de Tintin, dès 1932 avec Tintin au pays des Soviets. Hergé, très attaché à L’Echo, entretient une collaboration suivie avec la rédaction. Le journaliste Jean Dupont, alors rédacteur en chef, participe à des repérages pour L’Affaire Tournesol, dont une scène montre le capitaine Haddock tenant un exemplaire de L’Echo Illustré sous le bras. Le journal va jusqu’à nommer Tintin « reporter officiel » de sa rédaction, en miroir du Petit Vingtième belge.

Grâce à Tintin, à ses feuilletons et à son contenu varié, le magazine atteint alors plus de 35’000 abonnés, devenant un rendez-vous incontournable dans les foyers romands. Il se distingue également par une rédaction dynamique, marquée par des figures comme l’abbé John Chavanne, dont le tempérament énergique symbolise une époque de travail intense et passionné. Cette période est souvent considérée comme l’âge d’or de L’Echo Illustré, alliant qualité visuelle, popularité et enracinement catholique.

1970

Modernisation et indépendance

 

À partir des années 1970, L’Echo Illustré amorce une modernisation de fond. La publication passe progressivement à la quadrichromie entre 1979 et 1980, un processus finalisé en 1996 grâce à l’intégration de l’informatique et de l’électronique à toutes les étapes de fabrication. En parallèle, la rédaction s’émancipe progressivement de la tutelle ecclésiastique : en 1985, le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg quitte le conseil d’administration, marquant une étape symbolique vers une gestion indépendante, bien que la ligne éditoriale demeure chrétienne.

Cette période est aussi celle d’un changement de direction générale: Aurelio Casagrande en assure la responsabilité jusqu’en 1984, puis Gérard Plader lui succède jusqu’au 31 décembre 2019. Sous leur impulsion, la gestion, le marketing et la maquette sont entièrement modernisés. Le journal investit dans des outils professionnels comme un centre d’appels informatisé et un service prépresse, dans le but d’élargir son audience et d’améliorer la qualité de fabrication.

C’est également à cette époque que le magazine modifie son nom : il devient L’Echo Illustré Magazine en 1991, puis simplement Echo Magazine en 1997.

1997

De l’âge numérique aux défis contemporains

 

Au tournant du XXIe siècle, L’Echo Magazine, nom adopté en 1997, traverse une période de transformation continue. Comme l’ensemble de la presse imprimée, le titre est confronté à l’essor du numérique, à l’érosion progressive des abonnements papier, à la hausse des coûts de production et à la baisse des recettes publicitaires. Malgré ce contexte difficile, il parvient à maintenir sa ligne éditoriale et son indépendance grâce à une base fidèle de lecteurs, à des ressources diversifiées — notamment la vente par correspondance et la publicité — et à une gestion rigoureuse.

Cette époque est marquée par une succession de rédacteurs en chef qui vont chacun, à leur manière, affirmer l’identité du journal. Le père jésuite Albert Longchamp, figure intellectuelle respectée, assure la direction de la rédaction de 1985 à 2003, donnant au journal une tonalité engagée et spirituelle. Il est suivi par Bernard Litzler, puis par Patrice Favre, ancien journaliste de La Liberté, qui prendra ses fonctions le 1er décembre 2009 et conduira le magazine avec une volonté d’ouverture au monde contemporain. Aude Pidoux lui succède le 1er juillet 2019, devenant la première femme à occuper cette fonction, avant de passer le relais à Jérôme Favre en 2021. Celui-ci apporte à la rédaction une sensibilité littéraire, sociale et spirituelle, ancrée dans le monde actuel.

Sous la direction générale de Gérard Plader jusqu’en 2019, puis de Dominique-Anne Puenzieux, le journal poursuit sa modernisation : la gestion et le marketing sont repensés, la maquette évolue, et de nouveaux outils sont introduits pour accompagner la transition numérique, notamment un centre d’appels informatisé, un service prépresse et un site internet enrichi.

Début 2025, pour répondre à un contexte économique plus tendu, le titre adopte une périodicité bimensuelle, tout en renforçant ses contenus de fond, ses rubriques culturelles, ses reportages et sa présence numérique sur le web et les réseaux sociaux.

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