Aide à la presse: Bon pour les petits

Le 13 février, les Suisses devront dire s’ils acceptent l’aide à la presse votée par le Parlement dans le sillage de la crise du coronavirus. Plus proche des titres indépendants que des grands groupes, l’Echo a demandé aux petits médias romands ce qu’ils pensent de la loi.

Déjà inscrit? Connectez-vous en haut à droite de la page ou en cliquant ici
Articles en relation

Les questions du journaliste
Le train est un endroit formidable – du moins quand la rumeur des voyageurs n’est pas assommante – et assez représentatif du monde dans lequel nous vivons – y compris quand la rumeur des voyageurs est assommante. «Ils sont tous sur leur téléphone», commentait l’autre jour une dame d’un certain âge occupée, elle, par le grand écran qu’est la fenêtre. Ce n’était pas tout à fait vrai: un homme lisait. Gérer son temps, était-il inscrit sur la couverture. Préoccupation on ne peut plus actuelle.

IA: soutenir ou remplacer?
«L’intelligence artificielle (IA) peut remplacer les journalistes»: ce n’est ni un milliardaire américain chantre des nouvelles technologies qui l’a annoncé ni un chef d’Etat rêvant d’en finir avec une presse trop critique, mais le patron de l’empire médiatique allemand Axel Springer – 18’000 employés dans le monde, dont 3400 journalistes. Le 28 février, Mathias Döpfner, également impliqué en Suisse par la joint-venture Ringier Axel Springer (groupe Blick et L’illustré notamment) a expliqué que des suppressions d’emplois chez le tabloïd Bild et le généraliste Die Welt auraient lieu prochainement, car l’IA peut «se charger de la mise en page, de la correction et de l’administration». Et même de la création «automatisée» de certains articles définis comme des «sous-produits» (résultats sportifs, bilans d’entreprise, etc.). Ainsi, assure Mathias Döpfner, la branche pourra se concentrer sur les «reportages, scoops et éditoriaux».
Bon pour la presse?
De quoi satisfaire les journalistes et photographes de presse qui depuis longtemps réclament davantage de temps et de moyens pour se rendre sur le terrain afin de cerner les préoccupations des citoyens et les phénomènes de société? Une partie de la profession en doute, en particulier lorsque l’idée est soutenue par des entreprises comme TX Group (anciennement Tamedia) dont les restructurations à répétition ont conduit à saigner les rédactions de nombreux titres romands. Et dont les activités les plus rentables, non liées au travail rédactionnel, ne soutiennent pas ou peu les journaux en difficulté. «L’IA va révolutionner le journalisme et l’industrie des médias en soutenant – ou remplaçant – le journalisme», affirme Mathias Döpfner. Soutenir ou remplacer, là est la question.

Reporters en guerre
Selon le rapport annuel de Reporters sans frontières (RSF), l’Amérique latine est la région la plus létale pour les journalistes. Les Etats «en paix», comme le Mexique, sont devenus plus dangereux que ceux en guerre.