Impuissance et désarroi Spécial
Il suffit d’observer ce qui se passe dans nos contrées d’ordinaire pacifiées pour comprendre pourquoi la paix ne règne pas au Proche-Orient. Lorsque, dans la paisible Suisse, on n’autorise pas des manifestations sur cette question par crainte de débordements (à Bâle et à Zurich) ou parce qu’elles flirtent avec l’appel à la violence (à Fribourg), c’est qu’un point critique est atteint. Et s’il l’est ici, autant écrire qu’il l’est depuis belle lurette là-bas – mais vous le saviez déjà.
Etrange guerre que ce conflit larvé dont le nouvel épisode parvient à affermir des opinions déjà on ne peut plus tranchées alors qu’il semble difficile de distinguer l’agresseur de l’agressé, Palestiniens et Israéliens (ou l’inverse si vous préférez) s’échangeant depuis si longtemps les rôles dans une surenchère d’atrocités et d’absurdités qui ne font honneur à personne et devraient faire horreur à tous. Mais dire cela, ou dire avec Victor Hugo que «nous n’admettons point, dans le deuil d’ici-bas,/Qu’on puisse être bourreau parce qu’on fut victime», c’est déjà être soupçonnable et soupçonné de sympathies pour l’un ou l’autre. Impossible d’avoir l’air neutre. Alors à quoi bon l’être, semble se demander le Conseil fédéral qui veut qualifier le Hamas de groupe terroriste (lire en pages 4 à 7). Qu’il ne s’étonne pas si la Suisse n’est ensuite pas invitée à d’éventuels pourparlers de paix, comme elle ne sera pas conviée à de très hypothétiques négociations russo-ukrainiennes.
«La solution à deux Etats est la bonne intention des gens de mauvaise volonté.»
De toute manière, la Suisse n’aurait rien d’autre à y faire que répéter le mantra de la solution à deux Etats, bonne intention des gens de mauvaise volonté, à peine utile à paver l’enfer – et quel enfer, pour les Israéliens comme les Palestiniens (ou l’inverse si vous préférez)! Au-delà de rappels diplomatiques en temps opportuns, personne n’a jamais sérieusement songé à la concrétiser.
Rompre le dialogue n’est certainement pas une bonne idée; cependant, quand on voit le résultat de décennies d’occasions gâchées, il n’est même pas certain que c’en soit une mauvaise. Impuissance et désarroi…
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