La famille, ce boulet Spécial
Il n’y a, dit-on, rien de plus merveilleux que d’avoir des enfants – maternité rayonnante et paternité triomphante. Les magazines vantent et les magasins vendent la complicité avec le nouveau-né, les premiers pas, les petits vêtements, le jogging avec la poussette, images d’Epinal d’une famille idéale. Mais si la société promet monts et merveilles, dans les faits, peu est fait pour les familles: «On ne voit pas les enfants dans les villes où rien n’est pensé pour eux. Et dans un restaurant, une poussette dérange», confie une jeune maman.
Un enfant qui fait risette, c’est mignon, contrairement à un enfant qui pleure. Un petit, ça peut être gênant. Voire encombrant, au point que certains renoncent à ajouter à leur foyer une bouche à nourrir. Parce que les allocations familiales n’aident pas toujours suffisamment, parce qu’il faudra réduire son temps de travail – ce qui n’est pas sans conséquences sur la retraite – ou parce que les solutions de garde sont hors de portée – tous ne peuvent pas rester à la maison ou compter sur les grands-parents.
Les familles sont les grandes oubliées de la politique fédérale.
Les familles, qu’aucun lobby ne défend, sont les grandes oubliées de la politique fédérale. Peut-être parce que la famille traditionnelle tend à disparaître, ce qui complique bien des choses – tant de lois concernent, de près ou de loin, les diérents modèles de familles. Mais surtout parce que la (bonne) volonté manque autant que la vision d’ensemble, parce que tous les acteurs n’assument pas leur rôle et parce que la Confédération aime à rappeler qu’elle n’est le plus souvent pas responsable en ce domaine.
Nous sommes passés d’un emploi ayant pour finalité de nourrir la famille à une famille ayant pour conséquence d’entraver des carrières. On est en droit de déplorer le déplacement de l’accomplissement de soi de la maison au lieu de travail, mais le monde politique est en devoir de l’accompagner. Les élus – de façon très pragmatique dans l’intérêt de l’Etat à l’heure du manque de main-d’œuvre et d’une évolution démographique inquiétante pour le futur de l’AVS notamment – doivent faire en sorte que la famille ne soit pas un boulet, mais bien le bonheur qu’on nous promet.
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