A l’école comme au travail Spécial
«Bonjour Monsieur, bonjour ma belle!» Ces mots d’une patrouilleuse scolaire adressés dans un grand sourire à une petite fille et son papa un matin à Genève rappellent qu’adultes et enfants ont un besoin commun d’entamer dans la bonne humeur leur journée de labeur.
Pris par les soucis du quotidien, il nous arrive d’envier les enfants comme nous avons autrefois envié les adultes – nostalgie de ce que nous ne connaissons plus et, plus étrange, de ce que nous ne connaissions pas. Pourtant, devant le pupitre devenu table comme devant un bureau ou un établi, les inquiétudes sont les mêmes. Il fallait bien travailler pour avoir un bon métier; il faut bien travailler pour avoir une bonne retraite. Et nous traversons au travail comme à l’école les mêmes tempêtes: nos collègues sont les successeurs de nos camarades de classe; nous l’oublions mais le savons, les relations humaines ne sont aisées à aucun âge de la vie. Et si l’école nous apprend aussi à nous socialiser, non sans difficultés (lire encadré), cet apprentissage n’est jamais terminé.
L’âge d’or est toujours dans le passé ou le futur.
Comme la vie d’adulte, l’enfance n’est pas plus simple aujourd’hui qu’autrefois. Quoi qu’on veuille en faire accroire en répétant que la technologie facilite tout (vraiment?), que l’école est moins rigide et l’élève mieux considéré, qu’il fallait jadis obéir, qu’il y avait des règles (pas uniquement au sens concret de l’objet qui pouvait taper sur des doigts) et qu’on étudiait sérieusement. L’âge d’or est toujours dans le passé, qui n’était pas si doré quand il était le présent, ou le futur, qui ne sera peut-être pas si doré quand il sera le présent.
Peut-être devrions-nous profiter de ces premiers jours de l’année scolaire pour poser un même regard sur l’activité de nos enfants et la nôtre. Nous rendons-nous au travail comme nous allions en classe et nos enfants rentrent-ils de l’école comme nous espérons qu’ils rentreront du travail? Ni le cartable ni le cœur ne devraient être lourds. Aidons ceux à qui ils pèsent, quel que soit leur âge, à marcher d’un pas léger. Cela passe quelquefois par un simple «Bonjour Monsieur, bonjour ma belle!».