Lectures pour méditer Spécial

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  • En été, la nature invite au recueillement et à la méditation En été, la nature invite au recueillement et à la méditation

    L’été est propice à la méditation. Deux ouvrages peuvent accompagner chacun sur ce chemin: Accueillir la joie et la sérénité de Thierry Lenoir et Evangéliser sa culpabilité de Joël Pralong. Pour faire place à Dieu dans nos vies bousculées.

    Thierry Lenoir, pasteur et aumônier en milieu hospitalier, propose dans Accueillir la joie et la sérénité en cent méditations guidées (Editions Cabédita) «une pratique de la méditation selon une tradition multimillénaire respectueuse de la diversité des chemins spirituels»: ni proposition thérapeutique ni méthode de développement personnel ni technique managériale, elle veut rejoindre la quête spirituelle et le besoin d’intériorité de nos contemporains. Nourrie de la tradition chrétienne occidentale, elle s’inscrit dans les pas de Jésus, «grand méditant» qui se retirait fréquemment dans des lieux déserts, avec pour piliers le souffle (la respiration) et l’attention (la conscience).

    Solitude et silence

    Si Jésus lui-même se retirait «en quête de solitude, d’intimité et d’élévation» afin de dialoguer avec son Père, pour Thierry Lenoir, la méditation est une longue pratique judéo-chrétienne: les juifs attendaient une heure avant de prier, «une forme de méditation», «une écoute du Divin aux portes du silence».

    Aux 3e et 4e siècles, les Pères du désert, ces «ermites des régions arides d’Egypte, de Palestine, de Syrie et d’Anatolie», pratiquaient l’oraison, la contemplation, l’ascèse et la prière du cœur. Chez les orthodoxes grecs, il est question de l’hésychia, qui signifie «silence», «quiétude», dont les éléments essentiels sont l’assise, le silence, la solitude, la respiration, le recentrement et l’invocation. Le moine Jean Cassien, au 5e siècle en Provence, pratiquait la rumination pour s’imprégner d’une parole: il répétait un court verset rythmé sur le souffle. Ainsi, «prier devient une forme de respiration en pleine présence»: présence à soi, à ce qui nous entoure pour nous «immerger dans cet infiniment vaste qui nous dépasse». 

    Au 15e siècle sainte Thérèse d’Avila, au 16e saint François de Sales vivaient la prière comme «une communion intime et silencieuse avec l’au-delà». «C’est se mettre à nu pour se laisser ensoleiller», écrit joliment Thierry Lenoir. Les Récits d’un pèlerin russe, traité anonyme de l’orthodoxie au 19e siècle, mettent en avant la prière du cœur, proche de la méditation par la récitation d’un mantra, une formule sacrée. Selon Teilhard de Chardin, il importait de «se centrer pour toucher ses profondeurs, puis de se décentrer pour cheminer vers un au-delà de soi, et enfin se surcentrer pour s’unir à l’au-delà divin».

    Thierry Lenoir propose une démarche en trois temps pour une pratique de la méditation qui intègre le mental, le corporel et spirituel: je pense, je sens, je prie. Invitation, à partir de phrases de la Bible, à s’ouvrir à la transcendance et à accueillir la joie des profondeurs qui dilate l’être.

    Un chemin de libération

    Dans Evangéliser sa culpabilité (Editions des Béatitudes), l’abbé Joël Pralong, aumônier à Notre-Dame de Valère à Sion et prédicateur de retraites, propose un chemin en neuf jours à raison de dix minutes par jour pour analyser sa culpabilité à la lumière de l’Evangile et en faire une alliée. Chaque étape est structurée selon le même schéma: signe de croix, invitation au recueillement, invocation à l’Esprit saint, méditation, grâce à demander, parole à méditer, exercice pratique, prière finale, bénédiction.

    En ouverture, l’auteur souligne que le sentiment de culpabilité est purement subjectif: «Il relève du ressenti, de l’émotionnel. Peur, angoisse, panique, honte, tristesse, mépris de soi, colère en sont les principales manifestations. Ce cocktail émotionnel nous débranche du réel, il dramatise la faute ou bien il l’invente». Mais le ressenti de la culpabilité n’est pas dénué de sens: «Il allume un voyant lumineux sur le tableau de bord de notre conscience, il nous prévient d’un danger, des conséquences négatives de tel acte posé. La responsabilité de la personne y est engagée; il cible une faute réelle, une culpabilité objective», «et toute faute demande réparation».

    Ainsi, la culpabilité a deux visages: subjectif et objectif, le ressenti et la faute. Le premier relève du domaine de la psychologie, la seconde de l’ordre moral «qui évalue l’acte posé en fonction d’un bien ou d’un mal». L’auteur aborde ensuite différentes facettes du sentiment de culpabilité, suscité par autrui, un désir de perfection, les passions qui nous habitent. Il met en garde: attention à ne pas rater la cible, à ne pas confondre faute et péché – celui-ci est «une faute qui atteint Dieu directement» – et à discerner en suivant sa conscience, cette «petite voix» qui «nous pousse naturellement à faire le bien et à éviter le mal».

    Conversion et pardon

    Enfin, Joël Pralong invite le pécheur à entrer dans une démarche de conversion, à s’ouvrir à la présence du Christ miséricordieux dans la confession (dont il donne le mode d’emploi), à pardonner et à demander pardon pour une authentique libération. Car «le pardon divin (sacramentel) n’est pas un acte passif ni magique, il nous engage à nous convertir et à lutter contre le péché. Et à réparer ce qui peut l’être!».

    Mais «pardonner n’est pas oublier, passer un coup d’éponge sur le passé (car la morsure de la mémoire demeure), faire fi de la justice et de la vérité, être libéré de la rancœur ou de la haine. Ce n’est pas non plus un acte de faiblesse… Pardonner, c’est poser un acte de volonté» loin de la médisance ou du victimisme; c’est faire preuve de courage et de liberté intérieure, évaluer sa part de responsabilité et renoncer à mépriser la personne qui m’a blessé. Et, ajoute l’auteur, «le pardon accordé à ses ennemis exerce un effet thérapeutique». Enfin, Dieu nous offre largement sa miséricorde qui tue «en nous le ver rongeur de la culpabilité».

    Un petit livre pratique pour nous aider à apaiser nos angoisses et nous conduire à la réconciliation, apprivoiser le sentiment de culpabilité et en faire un élément de croissance. Confiants en un Dieu riche en amour et en miséricorde. 

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