Des femmes prêtres Spécial
Le prêtre était une femme: c’est l’essentiel du propos de Magnificat, qui vient de sortir sur les écrans. Se basant sur le livre Des femmes en noir d’Anne-Isabelle Lacassagne (Editions du Rouergue, 2017), Virginie Sauveur et Nicolas Silhol posent à l’Eglise catholique une question qu’elle ne pourra plus éviter longtemps: pourquoi n’ordonne-t-elle pas des femmes? Alors qu’elle manque de bras pour célébrer l’eucharistie et dispenser les sacrements et que l’égalité entre les sexes est devenue une préoccupation majeure dans notre société.
Magnificat, certes, est une fiction. Mais ne peut-on rêver d’une Eglise capable de traduire dans les faits l’égalité dont témoignent la Parole de Dieu et la dignité baptismale tant mise en avant par le synode sur l’avenir de l’Eglise? Ce film a le mérite de poser pour le grand public la question de l’accès des femmes au sacerdoce. Avec intelligence et sensibilité: il n’attaque pas l’Eglise et le Père Pascal Foucher, dont on découvre à sa mort, au début du film, qu’il est une femme, a été un bon prêtre, fidèle et discret, aimé de ses confrères et de ses paroissiens.
Pourquoi, étant femme, ne pourrait-on pas porter en soi une vocation sacerdotale?
Ce qu’il voulait, c’était vivre sa vocation jusqu’au bout – en dépit de son sexe. Vocation singulière mais emblématique de tant de femmes engagées en Eglise parce qu’elles l’aiment. Pourquoi Dieu n’appellerait-il pas des femmes à devenir prêtres? Pourquoi, étant femme, ne pourrait-on pas porter en soi une vocation sacerdotale? C’est tout le combat du Père Foucher: «Comment refuser l’appel de Dieu?». «Le malheur a voulu non pas que je naisse femme, mais qu’à cause de cela, l’Eglise ne puisse accepter que je le célèbre en devenant prêtre»: lucidité, et fidélité à une vocation qui l’habitait depuis l’enfance.
C’est bien cette question que pose, en définitive, Magnificat. Il nous faut l’entendre. N’en déplaise à ceux pour qui «l’ombre est le plus beau des refuges». Alors oui, ordonner des femmes: non pour alimenter un système qui a montré ses limites, mais pour permettre à tout baptisé, homme ou femme, de prendre pleinement sa place dans l’Eglise. Donnant tout son sens à la démarche synodale.
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