Y’a plus d’saisons! Spécial
«Mais où sont les neiges d’antan?», se demandait François Villon dans sa Ballade des dames du temps jadis au 15e siècle. En 2023, le quidam se pose bien des questions sur le temps qu’il fait, de plus en plus sur le ton de la nostalgie. «Y’a plus d’saisons!» est une rengaine qu’on entend autant au bistrot du coin que dans les débats angoissées sur le dérèglement climatique. Il ne faut pas prendre à la légère ces échanges sur la météo. Au-delà des idées convenues, ils expriment quelque chose d’important. A l’instar de l’ouvrage passionnant de l’historien fribourgeois François Walter consacré au printemps.
La saison du renouveau de la nature endure des bouleversements. Le réchauffement de la Terre, notamment dû à une industrialisation forcenée et à une consommation numérique écervelée, est en cause. Mais pas seulement: nos usages, nos mœurs, nos manières de voir, de percevoir. L’être humain contemporain oublie des évidences sur le cycle des saisons quand celles-ci le lui rappellent brutalement: la guerre en Ukraine va connaître un autre tour avec le retour des beaux jours, qui risquent de n’avoir rien de resplendissants. Ce même individu hédoniste et narcissique se plaint quand le soleil ne brille pas comme il l’aimerait. Et il déplore le manque de neige en hiver: il n’a pas pu skier comme il l’envisageait. Est-ce bien sérieux?
Le monde contemporain rêve d’un été perpétuel.
On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre en feignant d’ignorer les conditions de sa production. Le monde contemporain rêve d’un été perpétuel dont le printemps serait l’antichambre la plus courte possible avec le moins de caprices météorologiques admissibles (de préférence sans averses). L’égocentrisme régnant veut la météo sur demande – pour assurer son bronzage – comme il exige la société 24 heures sur 24 – afin d’assouvir ses désirs consuméristes en tout temps et en tous lieux. Ces excès sont insoutenables: ils font de la planète une fournaise détraquée. Et ils altèrent les subtilités d’un printemps pourtant si avenant.
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Dans son exhortation apostolique sur la crise climatique Laudate Deum (Louez Dieu), publiée le 4 octobre, François tire la sonnette d’alarme. Tout en s’élevant contre les climatosceptiques, il appelle à un «changement culturel», des décisions politiques et des actions concrètes.

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Un aiguillon embarrassant
Tous les tableaux ne sont pas droits au Musée Léopold de Vienne. Certains paysages sont inclinés de deux, trois ou cinq degrés. Presque rien, mais déjà de quoi déranger. «Quelques degrés de plus feront du monde un endroit inconfortable», assure l’institution qui veut attirer l’attention sur le réchauffement climatique. Une méthode bien plus intelligente que l’aspersion d’œuvres avec quelque liquide salissant. Mais est-elle plus efficace?