Toutes nos lâchetés Spécial
Pour les chrétiens, bien sûr, il est l’accomplissement des Ecritures et le Salut à portée de main, mais le récit de la Passion du Christ dans l’évangile de Jean est aussi une formidable accumulation de médiocrités. Au travers de ses personnages secondaires, il est un savant miroir de la condition humaine – de la comédie humaine, aurait écrit Balzac – qui peut tous nous inspirer, croyants ou non.
Pilate, par exemple, affirme à Jésus qu’il a le pouvoir de le relâcher et le pouvoir de le crucifier; il ne fait ni l’un ni l’autre. Il cherche à le relâcher, mais ne l’ose pas; il se décharge sur les grands prêtres: «Prenez-le vous-mêmes et crucifiez-le». Il est effrayé par un problème politique, hésitant entre sa conscience et la pression de la foule, et plus encore lorsque le problème devient religieux. Il n’agit et n’assume ses actes que lorsque tout est terminé, refusant de modifier l’écriteau indiquant «Jésus le Nazaréen, roi des Juifs». Quant à Pierre, quelle déception après tant de promesses! Il est la pierre sur laquelle sera bâtie l’Eglise, mais il ne comprend rien, répond à la violence par la violence, puis fait tout pour ne pas être associé à celui pour qui la partie semble perdue. Il en pleurera d’ailleurs amèrement, écrit Matthieu dans son évangile.
Pilate et Pierre sont faibles. Ils sont lâches. Ils sont humains.
Il y aurait bien des choses à leur reprocher, mais on peut aussi avoir de la compassion, et même de la tendresse, pour Pilate et Pierre. Ils sont faibles. Ils sont lâches. Ils sont humains. Nos semblables. Nous serions-nous montrés meilleurs qu’eux en de pareilles circonstances? Y réfléchir pourrait faire monter à nos fronts un rouge trahissant l’idée d’une faiblesse hypothétique, écho de nos petites lâchetés bien réelles…
Révélateur de notre humanité imparfaite, le récit de la Passion nous invite à nous amender, à nous améliorer pour ne plus avoir à baisser les yeux, mais pouvoir au contraire les lever – pour les croyants, vers Jésus. Vers le Ressuscité qui, en réponse au triple reniement de Pierre, lui permettra de l’effacer en lui donnant trois fois l’occasion de lui dire qu’il l’aime (Jn 25, 15-17).
Articles en relation

Ils fêtent le même Ressuscité
Catholiques et orthodoxes ne célèbrent que rarement Pâques à la même date. Cela ne gêne pas Monique et Noël Ruffieux qui partagent leur vie de couple et de prière sans se préoccuper des différences entre leurs deux confessions. Et s’ils prolongent le carême, ils vivent deux fois Pâques.

Pâques côté silence
Dans notre «civilisation du vacarme», Anne Le Maître s’est mise en quête du silence. Renouant avec les silences heureux de son enfance et ceux qui nourrissent sa foi, cette aquarelliste, géographe et auteure bourguignonne nous offre Un si grand désir de silence (Editions du Cerf), des pages denses sur ce grand oublié de nos vies. Pour redécouvrir Pâques côté silence.

Lumière pour le monde
Le récit de la Passion est bien sûr un récit divin, mais il est aussi un récit terriblement humain. Le manque de courage des disciples et les larmes amères de Pierre après son triple reniement le montrent bien. Tout comme la douleur de Marie, que l’on peut imaginer sans peine. «L’être aimé va disparaître. Comment vivre après ça?», s’est demandé Stéphane Blok à l’heure de mettre en poèmes les sentiments de la Vierge et de Marie-Madeleine au pied de la croix.