Ce lecteur revient sur l’article intitulé «Les proches aidants sont peu aidés» paru dans l’Echo Magazine no 15 du 13 avril.
Les proches aidants et les soignants ne tombent pas du ciel! On voit déjà de plus en plus d’hommes qui font aussi fonctionner la société par leur travail de soin gratuit et sans reconnaissance aucune. Le travail à domicile a favorisé le partage des tâches au sein du ménage. Avec l’évolution de la société, les femmes ayant gardé leur statut de maman sont encore nombreuses à se dévouer pour leurs enfants, leurs partenaires, puis leurs parents vieillissants. L’ampleur du travail de soin n’est plus à démontrer, les données récoltées depuis plus de quarante ans le prouvent – la première enquête a été réalisée en 1980. La quantité de travail va aller crescendo au vu du vieillissement de la population suisse. Les proches vont constituer une ressource indispensable pour s’occuper de personnes en situation de dépendance.
En lieu et place de rendre un service citoyen obligatoire, réglons d’abord les inégalités qui persistent envers les proches aidants qui réalisent tout ce travail de soin. Commençons plutôt par les rémunérer via la bourse qui paie le service citoyen. Tous les ans en Suisse, 2,8 milliards d’heures de travail sont consacrées à la prise en charge des enfants et des proches nécessitant des soins? En salaire, selon le marché, le travail de soin représente une valeur de 80 milliards de francs! Cette situation est une des causes de la pauvreté des femmes puisque toute cette activité bénévole ne fut pendant longtemps pas reconnue par les assurances sociales. Certains cantons ont commencé à s’attaquer cette problématique. Ne vous étonnez donc pas si des femmes en Suisse doivent recourir aux aides complémentaires une fois qu’elles sont à la retraite: c’est tout à fait normal et légitime. Comment peut-on encore, en 2023, continuer à mépriser à ce point le travail de soin des femmes et leur demander encore plus? Mais pourquoi donc les femmes seraient-elles encore plus les dindons de cette mauvaise farce consistant à leur faire faire le service militaire alors qu’elles fournissent déjà tant de services gratuits à la communauté?
Maurice Burnier, Saxon (VS)