Ce lecteur revient sur la présentation de documentaires d’Arte, La conquête des évangéliques, par l’Echo magazine no 13 du 30 mars de ceux qui ont fait revivre la Via Francigena.
Les documentaires d’Arte, que votre article présente de manière assez élogieuse, donnent une image assez négative du monde évangélique: homogène, nationaliste, politisé; une véritable menace pour la démocratie, rongé par des prédicateurs manipulateurs qui s’enrichissent sur le dos des fidèles. Cette caricature maladroite est d’abord blessante pour tous les lecteurs de l’Echo (dont je fais partie) qui se définissent comme croyants évangéliques, ensuite elle ne fait pas preuve d’une grande déontologie. Ces documentaires sont certes bien faits, car ils font entendre des voix discordantes.
Mais ils frisent la manipulation en décrivant le mouvement évangélique uniquement par son aile droite conservatrice et politisée. Il est facile de démolir en présentant systématiquement le côté négatif des choses: c’est comme parler du clergé catholique au travers des seuls abus sexuels. De la même manière, si l’on parle de la tentation du pouvoir politique chez certains évangéliques, il semble incongru de ne pas mettre cela en perspective avec cette tension qui a habité l’Eglise depuis ses débuts.
Le catholicisme aurait-il des leçons à donner? Les réformés auraient-ils toujours été des exemples? Pourquoi Arte ne parle-elle pas de la majorité des évangéliques, opposés à un pouvoir politique pour l’Eglise? Pourquoi ne parle-t-elle pas du dévouement extraordinaire de dizaines de millions d’évangéliques qui donnent littéralement leur vie au service des autres bien loin d’une quelconque quête politique? Pourquoi ne cite-t-elle pas les théologiens évangéliques (John Stott, Henri Blocher et bien d’autres) éloignés du créationnisme fondamentaliste?
Arte participe à la manipulation journalistique. Elle peut encore se rattraper, mais elle ne le fera probablement pas, préférant jeter le discrédit sur une expression de la foi chrétienne au lieu de chercher à comprendre les véritables raisons de sa croissance. Je propose que l’Echo revienne sur ce sujet en s’intéressant aux évangéliques de manière plus impartiale et bienveillante, et dans un esprit œcuménique, dont nous avons besoin pour avancer ensemble.
Marie-Rose Dubuis, Bex