Ce lecteur réagit à l’éditorial de Cédric Reichenbach publié dans l’Echo Magazine n°13 du 30 mars 2023 intitulé «L’odeur de la poudre».

Entendre la parole pacifique, un vœu légitime sans doute, mais est-il réaliste? Quand un éditorialiste parle de l’ivresse de la guerre suggérée par un conseiller fédéral, pense-t-il que l’ivresse de la paix serait le contre-poids idéal? A-t-il été une fois agressé dans sa vie? Avoir subi la violence d’une agression permet de comprendre l’importance de sa neutralisation. La question n’est pas de savoir s’il faut réagir ou non, mais de comprendre les mécanismes qui régissent l’agression. Au 5e siècle avant Jésus-Christ, Sun Tzu a signé L’Art de la guerre. Au 20e siècle, Clausewitz sera la nouvelle référence. Il n’est pas question de philosophie, mais de stratégie, de souplesse et de rigueur. On ne demande pas à la personne agressée de discuter, mais de se soumettre, et ainsi de vivre dans la paix de l’agresseur dont la bonté est définie par l’agression. Ma question aux pacifistes est donc simple: voulez-vous la paix de la soumission? Cela vous évitera la mort du champ de bataille et vous permettra de bénéficier des bienfaits du vainqueur aux conditions définies par ce dernier, à savoir la perte de votre autonomie. Dire que d’autres voies existent est une illusion, car pour négocier il faut avoir quelque chose à négocier et la force de le faire! Si vous n’avez que votre parole, cela se terminera, comme l’histoire de l’humanité l’a toujours montré, par la soumission ou l’esclavage. Vous aurez toujours une armée dans votre entourage; si ce n’est la vôtre, ce sera celle du voisin. A vous de choisir. Les Polonais qui connaissent l’armée du voisin depuis 1945 semblent ne plus en avoir envie. En résumé, si tu veux la paix prépare la guerre, c’est une longue histoire qui n’arrête pas de se répéter! Et se battre pour le pacifisme, une contradiction?

Gontran Sennwald, Berne