Cesser de fuir la mort Spécial
Il n’est pas rare que, lors de débats, des politiciens pressés de répondre brièvement rétorquent qu’il est des questions auxquelles on ne peut simplement répondre par oui ou par non. C’est pourtant le lot du peuple, et ce mois-ci des Valaisans en particulier, appelés à se prononcer sur les soins palliatifs et, comprise dans le même texte, l’aide au suicide dans les EMS.
La question est a priori simple: les établissements médico-sociaux doivent-ils tous accepter que leurs résidents fassent appel à des organisations d’aide au suicide? On peut légitimement douter du bien-fondé d’ériger une liberté individuelle en droit, celui-ci devenant toujours une obligation pour quelqu’un d’autre dont la liberté, de conscience par exemple, se trouve alors affectée. Réflexion qui n’empêche pas nombre de personnes, y compris de soignants, de s’interroger. Même tranchées, les opinions se laissent bousculer: il y a la liberté des EMS, mais il y a la liberté individuelle; il y a la dignité d’une personne, mais il y a la souffrance de celles qui l’entourent; il y a des principes, mais il y a les situations particulières.
Face à la mort, nous sommes tous des enfants.
Le débat n’est pas aisé, les questions gênent. Parce que cela touche à l’intime, à la conception de sa fin de vie et de celle de ses proches: «Le suicide assisté? Mon fils trouve cela bien, mais il n’admettrait pas que j’y recoure», nous a-t-on dit au détour d’une conversation. Et parce que la mort est un tabou dans notre société qui se dit sans tabou, et qui voit l’espérance de vie s’allonger et la médecine progresser. Sans parler du transhumanisme et de la cryogénisation qui laissent à certains l’absurde espoir de triompher de la mort ou de la repousser aux calendes grecques, le fait est que la mort est devenue une intruse.
Face à elle, nous sommes tous des enfants. Inquiets de notre mort, redoutant celle des autres, nous préférons ne pas en parler. Au risque de nous trouver démunis lorsqu’elle surgit ou approche, ou lorsqu’il s’agit de se prononcer sur une question telle celle posée aux Valaisans. Il faut réapprendre à parler de la fin de vie et à l’envisager dans sa globalité. Comme il faut réapprendre que la mort fait partie de la vie. Pour en débattre sereinement, mais aussi pour l’appréhender sans crainte, nous qui savons depuis 2000 ans qu’elle n’aura pas le dernier mot.
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