Synode: Pour une Eglise accueillante Spécial

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  • L’assemblée synodale suisse à Einsiedeln le 30 mai, avec Mgr Valerio Lazzeri (de face), évêque de Lugano, et Mgr Alain de Raemy, évêque auxiliaire de Lausanne, Genève et Fribourg. L’assemblée synodale suisse à Einsiedeln le 30 mai, avec Mgr Valerio Lazzeri (de face), évêque de Lugano, et Mgr Alain de Raemy, évêque auxiliaire de Lausanne, Genève et Fribourg.

    Une Eglise inclusive, à l’écoute et qui met en œuvre le partage du pouvoir et des responsabilités: telles sont les lignes de force du rapport synodal suisse. Publié le 15 août par la Conférence des évêques suisses, il sera intégré dans le document de travail de l’étape continentale, au printemps 2023.

    Les réflexions et perspectives de la phase nationale du synode sur la synodalité tiennent sur dix pages. Cette synthèse, qui va être envoyée à Rome, se divise en trois parties: les expériences faites en Suisse; les résultats des questionnaires et des débats; les perspectives. Elle présente le visage d’une Eglise en perte de confiance et des demandes précises: une Eglise à l’écoute, qui encourage à prendre la parole, promeut la participation aux processus de discernement et de décision, le partage du pouvoir et des responsabilités, la subsidiarité; une Eglise qui valorise la diversité; une Eglise en sortie, capable de dialoguer avec la société, les jeunes, les personnes distantes et les pauvres.

    Perte de confiance

    Le rapport synodal suisse commence par dresser un état des lieux de l’Eglise en Suisse. Guère réjouissant: si la diversité des ministères «contribue à donner à l’Eglise un visage aux riches facettes», la situation globale se caractérise par «trois mots-clés»: «Perte de pertinence de la tradition et de la foi de l’Eglise, perte de confiance en l’Eglise et distanciation croissante envers l’Eglise». «Les abus sexuels, spirituels et de pouvoir dans l’Eglise et la culture ancienne du secret» sont la cause essentielle de la perte de crédibilité massive chez les croyants et dans la société, souligne le rapport. S’y ajoutent «l’absence de véritables réformes et les réponses évasives ou dilatoires des responsables ecclésiaux».

    En outre, «l’Eglise catholique devient de plus en plus un corps étranger dans la société et la culture suisses. Elle est de plus en plus sans voix par rapport à son contexte culturel et social et de moins en moins en mesure de communiquer la signification de la foi aujourd’hui». Ses prises de position «sont source de conflits lorsqu’elles sont perçues comme paternalistes ou discriminatoires». On attend dans le dialogue «des compétences professionnelles et scientifiques», une plus grande ouverture et «un langage proche de celui des gens».

    Le rapport s’attache ensuite aux expériences faites et aux échos du processus synodal. Celui-ci a suscité un espoir de «sortir de l’encroûtement et de la raideur de l’Eglise». Il a aussi soulevé des doutes nés du «décalage entre la procédure synodale (recherche d’un accord) et la conception démocratique fondamentale, culturellement ancrée en Suisse (procédure de vote)» et de «la crainte d’une nouvelle frustration». Les participants ont ressenti des sentiments d’impuissance et de résignation «face au manque de perspectives de réformes». Un regret: n’ont participé aux discussions que «des personnes proches de l’Eglise, parfois engagées depuis des années».

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    Des droits égaux

    La deuxième partie du rapport expose les résultats des questionnaires et des débats. Une conviction fondamentale ressort, placée en exergue: «Le baptême est majoritairement évalué comme un critère d’appartenance à l’Eglise» avec ses «trois dimensions fondamentales» que sont «la vocation sacerdotale, royale et prophétique» de tout chrétien.

    A ce titre, «le refus d’accorder des droits égaux aux femmes et l’expérience de l’exclusion des personnes déclarant une identité LGBTIAQ* et des divorcés remariés» sont compris comme autant de «contradictions intérieures avec la foi et le baptême». S’ajoute à cela le fait que «de nombreuses positions officielles de l’Eglise sur le rôle des femmes en Eglise et dans la société, sur la sexualité et les modes de vie sont perçues comme dévalorisantes et excluantes». Un espoir? «La nomination de femmes à des postes à responsabilité et à des fonctions ou ministères.»

    Impliquer le peuple de Dieu

    L’écoute fait souvent défaut chez les responsables, qui ne font pas preuve d’assez de transparence dans les processus de décision. Les formes et le langage de la liturgie «sont vécus comme incompréhensibles, peu en lien avec l’expérience et l’actualité»: elle doit être «adaptée aux contextes culturels». Enfin, «beaucoup considèrent que l’hospitalité eucharistique devrait exister depuis longtemps».

    Le rapport insiste sur la coresponsabilité dans la mission: elle «présuppose la reconnaissance et la promotion des charismes et des vocations propres des croyants», mais se heurte à la structure pyramidale de l’Eglise et à la volonté de pouvoir. Et «le fait de lier de larges pans de la responsabilité en Eglise à l’ordination exige que les conditions d’admission soient élargies», notamment aux femmes et aux personnes mariées, note le rapport.

    Quant au cléricalisme, il «sape toutes les attitudes et pratiques synodales authentiques dans l’Eglise». «Une autorité sacerdotale étroite, arbitraire et trop institutionnelle est contraire à l’Evangile et aux attentes d’une Eglise synodale», poursuit le rapport: elle méconnaît la réalité, dévalorise les femmes, rejette les personnes issues de la mouvance LGBTIAQ* et procède d’un «repli sur des représentations identitaires individuelles de la condition sacerdotale». Ainsi, «de nombreux croyants souhaitent une Eglise dans laquelle l’autorité et le pouvoir sont redistribués».

    «De nombreux croyants souhaitent une Eglise dans laquelle l’autorité et le pouvoir sont redistribués.»

    Les perspectives dessinées par le rapport soulignent notamment: «Mettre fin à l’exclusion de groupes de personnes»: femmes, personnes appartenant au spectre LGBTIAQ*, divorcés remariés; réviser la morale sexuelle et l’enseignement de l’Eglise «en lien avec les personnes et en prenant en compte sérieusement les recherches scientifiques et empiriques»; «donner les compétences nécessaires aux personnes responsables en partant des services indispensables»; participer «aux processus de discernement comme de décision»; instaurer «des niveaux de responsabilité régionaux (…) dotés de compétences organisationnelles et décisionnelles»; accorder le droit de vote à des hommes et des femmes dans les assemblées synodales continentales «pour promouvoir la participation de tout le peuple de Dieu aux processus synodaux et aux décisions».

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