Tous responsables Spécial
La question de l’égalité est parfois tout ce qu’elle ne devrait pas être: politique et idéologique. Cela dit en partie pourquoi, après cinq ans de grèves et de violet, les femmes ne semblent pas avoir gagné beaucoup plus qu’une date à réserver dans le calendrier. En dépit de revendications non seulement légitimes, mais justes: la fin des violences, une meilleure répartition des rôles et, à travail égal, salaire égal.
Rien que des évidences, mais rien qui avance. Malgré l’éternel retour du 14 juin, et du 8 mars, et du 1er mai, et malgré une présence continue de ces questions dans les médias. Tout cela ne provoquerait-il pas lassitude et agacement, comme les grèves pour le climat? Le cercle est vicieux, le débat crispé. Sa politisation est sa polarisation, qui fait se heurter l’égalité à des positions de principe et des querelles partisanes ou idéologiques. Et les féministes les plus bruyantes – pas forcément les plus nombreuses – ont tort d’accuser le patriarcat, qui est tout le monde et n’est personne. Comme elles ont tort lorsqu’elles s’égarent dans une pensée marxisante ciblant un groupe d’oppresseurs – lorsque tous les membres d’un groupe sont coupables, aucun d’entre eux n’est responsable.
Lorsque tous sont coupables, aucun n’est responsable.
Bien des préjugés, bien des gestes, des mots et des comportements déplacés, parfois considérés comme anodins, restent ancrés dans les mœurs. Cela montre qu’il ne faut pas tant changer les lois que les cœurs – ou, plus pragmatique mais pas moins ambitieux, les mentalités. Cela passe par un dialogue plus profond que des slogans. Même si les féministes romandes ont raison de demander «du respect, du temps, de l’argent» quand les Alémaniques commencent par l’argent et terminent par le respect. Car tout est dans ce terme, variante de l’amour du prochain (Mt 22, 39 et déjà Lv 19, 18), incompatible avec quelque injustice que ce soit. Lorsque l’égalité est une question humaine plutôt que politique ou idéologique, elle échappe aux clivages, aux schémas réducteurs, aux refus de principe; et désigner un coupable n’importe alors plus puisque nous sommes tous responsables.
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