Le retour de Maudet Spécial
Entrée fracassante du mouvement de Pierre Maudet au Grand Conseil, succès des partis populistes et échec des Vert’libéraux: les résultats des élections cantonales genevoises du 2 avril créent la surprise. A Lucerne et au Tessin, les femmes reviennent au gouvernement.
La barre à droite?
Les urnes ont parlé le 2 avril: le Parlement genevois ne comptera plus qu’un tiers de députés de gauche pour sa prochaine législature. Si le Parti socialiste se maintient (+1, 18 sièges) tout comme les Verts (+0, 15 sièges), la gauche de la gauche, divisée en deux listes, est éjectée du Grand Conseil. C’est «un boulevard pour la droite» qui s’ouvre, titre Le Courrier: le Mouvement citoyen genevois (MCG) se renforce (+3, 14 sièges) à l’image de l’UDC (+4, 12 sièges). Le Parti libéral-radical, tout en restant le premier parti parlementaire, perd des plumes (-6, 22 sièges) ainsi que le Centre (-3, 9 sièges). La porte du législatif reste fermée aux Vert’libéraux – alors que leurs collègues zurichois ont raflé 9 sièges supplémentaires en février.
La revanche?
La plus grosse surprise est l’entrée de la liste Libertés et justice sociale (LJS) de Pierre Maudet au Grand Conseil avec 10 sièges. Malgré sa condamnation pénale pour acceptation d’un avantage, l’ancien conseiller d’Etat plaît toujours à une partie des électeurs: il arrive en sixième position au premier tour de l’élection au gouvernement genevois. Interviewé sur Léman bleu, Pierre Maudet se félicite que LJS soit «le nouveau pivot du Parlement». Et se garde de se positionner d’un côté ou de l’autre de l’échiquier. Le paria du PLR ne pourra en tout cas pas compter sur une alliance avec son parti d’origine.
Genève populiste?
Certains expriment leur inquiétude face à l’arrivée de LJS et à la prise de poids du MCG et de l’UDC alors que l’on croyait ces deux partis en perte de vitesse. Le bloc populiste comptera 37 sièges: il sera le plus lourd en termes de voix. «Visiblement, les réponses à la crise économique post-Covid braillées sur le ton populiste sont celles qui font mouche», analyse le rédacteur en chef du Courrier Philippe Bach.
Où est la gauche?
Ensemble à gauche perd ses neufs sièges et le droit de siéger au Parlement, n’ayant pas atteint le quorum de 7%, comme en 2005 et 2009. Mais «la liste rose-Verte, unie face à une droite hétéroclite, garde l’espoir de sauver sa majorité au gouvernement», observe Frédéric Julliard, rédacteur en chef de la Tribune de Genève. Lors du premier tour, l’Alternative a en effet placé quatre candidats en bonne position pour l’exécutif. C’est cependant la PLR Nathalie Fontanet qui arrive largement en tête de l’élection au Conseil d’Etat. A noter le taux de participation, très bas: 37,14%.
Des femmes?
Au Tessin, qui renouvelait le même dimanche ses autorités cantonales, la conseillère aux Etats socialiste Marina Carobbio devient la quatrième femme à siéger au Conseil d’Etat. Elle intègre ainsi un gouvernement cantonal exclusivement masculin depuis huit ans. Même scénario à Lucerne avec l’élection de la centriste Michaela Tschuor. A Genève, les députées élues sont au nombre de 36 sur 100 membres du Parlement. Un record à confirmer car ce chiffre, qui comprend les candidates au Conseil d’Etat, évoluera après le second tour, le 30 avril.
Articles en relation

Politique: sur le départ
Parmi les 248 parlementaires fédéraux en fonction, certains ont vécu avec plus de calme les élections du 22 octobre (lire encadré): 37 d’entre eux ne sollicitaient pas de nouveau mandat. Dont l’écologiste Adèle Thorens et le libéral-radical Jacques Bourgeois.

L’UDC récupère ses sièges
C’était attendu: l’UDC progresse et les Verts faiblissent. L’élection du Conseil national – les choses restent ouvertes au Conseil des Etats – a confirmé le 22 octobre que leur propre situation économique inquiète davantage les Suisses que le climat en ce moment.

Des compromis, pas du bruit
Deux partis sont au sommet de l’échiquier politique, mais ils n’en sont pas au centre. L’UDC, qui a conforté sa position le 22 octobre et le PS, qui n’est plus menacé par le PLR, sont sereins. Et mécontents. Les socialistes promettent depuis le soir du scrutin de mener une politique d’opposition durant la prochaine législature, à grands coups de référendums et d’initiatives populaires. Une stratégie d’opposition tout en occupant deux sièges sur sept au sein du gouvernement. L’UDC, qui cherche à nous faire croire qu’elle ne parvient pas à se faire entendre à Berne, ne fait pas autre chose. Un constat s’impose: les deux plus grands partis sont aussi les plus bruyants.