Finance sans confiance… Spécial
L’argent, dit-on, travaille pendant que nous dormons – quoiqu’il paraisse de plus en plus paresseux. Nous dormons bien s’il est investi dans des obligations, paraît-il, mais mangeons mieux s’il est placé en actions. Pas sûr toutefois que les actionnaires de Credit Suisse, contraints d’avaler les couleuvres bon marché imposées par le Conseil fédéral et une UBS peu enthousiaste, digèrent facilement la déroute de ce qui fut le n°2 bancaire helvétique et un fleuron du pays qui seyait si bien aux bonnets de ski.
Le petit épargnant, passé par quelques nuits blanches au gré des annonces et des rumeurs, peut, et c’est une bonne chose, être rassuré: quand le banquier fait quelque bêtise, maman Helvétie est là pour panser les plaies. Elle n’a laissé tomber que l’idée de concurrence, pas la place financière ni l’équilibre mondial, ce qui profite aux clients de la banque. Leur avoir est assuré, leur coffre change simplement de logo: bienvenue chez UBS, le géant qui mange un géant! Reste à souhaiter que cette poussée de croissance forcée ne soit pas contraire au bon développement de ce «petit» aux plaies déjà pansées il y a quinze ans…
C’était «la solution la moins risquée», assure le Conseil fédéral. Qui voulait, mais cela prendra du temps, restaurer la confiance. Car, et ce pourrait être un proverbe rabelaisien, finance sans confiance n’est que ruine. Pour l’âme, on repassera, comme pour la conscience – en témoignent notamment les Suisse Secrets qui ont montré la complaisance de Credit Suisse envers certains épargnants peu recommandables.
Pour l’âme, on repassera, comme pour la conscience.
Ils sont loin aujourd’hui, ses génies de la finance, partis après avoir empoché, bravo et merci, de jolies rémunérations. Elles laissaient déjà songeur dans l’absolu, et plus encore à présent que ces gestionnaires ont conduit la banque au bord du gouffre. Ils ne paieront pas les pots cassés, contrairement aux actionnaires et aux contribuables. Et aux nombreux employés qui y laisseront leur travail – on évoque la suppression de 10’000 postes sur un peu moins de 17’000. Ils partiront, eux, sans bonus pour soigner leurs plaies.
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Première Romande
C’est finalement Isabelle Chassot (Le Centre/Fribourg) qui dirigera la Commission d’enquête parlementaire (CEP) sur la faillite de Credit Suisse. La conseillère aux Etats devient et la première femme et la première Romande à présider cet organisme institué par un arrêté fédéral. A 58 ans, la sénatrice a été élue à ce poste prestigieux par la conférence de coordination des bureaux des deux en un jour symbolique: le 14 juin, la grève des femmes.

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